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[LOTRO] L'histoire d'Helven

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1[LOTRO] L'histoire d'Helven Empty [LOTRO] L'histoire d'Helven Mer 21 Sep - 11:41

Divine Otila

Divine Otila

Juste en préambule, j'écris ce texte depuis un certain temps, par petites touches. Mais là, la conclusion s'approche donc je commence à diffuser. Il manque juste l'épilogue, que je finalise ce soir normalement.
Donc l'histoire de ma chasseresse sur le seigneur des anneaux online, communément appelé LOTRO. C'est relativement compréhensif si vous avez au moins vu les films Smile

Edit: ah oui, chez moi l'écriture est indissociable de la musique, donc en fond sonore, je vous conseille du Nightwish, et Blind Guardian evidemment. D'ailleurs, quand je fais un tour sur la terre du milieu, je joue régulièrement cette chanson à la taverne du Poney Fringant.



Dernière édition par Divine Otila le Mer 21 Sep - 11:59, édité 1 fois

2[LOTRO] L'histoire d'Helven Empty Re: [LOTRO] L'histoire d'Helven Mer 21 Sep - 11:43

Divine Otila

Divine Otila

Annuminas

L’ancienne ville se reflétait sur les eaux scintillantes, telle une vieille femme qui recherchait dans son miroir, sa beauté flétrie par les âges. Un amas de vieille pierre, voilà tout ce qu’elle était devenue. Oh, il restait bien quelques bâtiments encore intacts, lointains vestiges d’une époque glorieuse où elle était le centre du monde des hommes, mais ils étaient condamnés à l’oubli par l’inexorable travail de sape du lac Nenuial. Pourtant, elle portait à nouveau la vie en son sein, mais que de sacrifices avait-t-elle concédée pour ne pas rester seule, abandonnée par les peuples de la terre du milieu. Les noires légions d’Angmar rodaient dorénavant dans les ruelles démolies par le temps.
Face à la menace des angmarins, la poignée de rôdeur de l’ancienne race des Dunadains commença à s’organiser autour des autres peuples afin de lever cette malédiction et de récupérer, au nom de tous, celle qui était autrefois la ville de la Clairvoyante d’Annuminas. Hommes, Elfes, Nains et Hobbits, tous étaient appelés pour combattre les troupes maudites du Roi sorcier d’Angmar.

Personne ne fut donc surpris, en cette après-midi, de croiser une elfe en arme passant le pont de Tinnudir. Quelques rôdeurs venaient poliment présenter leur salut et prendre de ses nouvelles mais aucun ne l’exhorta à rejoindre les faibles troupes en route pour les quelques escarmouches de la journée. Il faut dire que le cœur des hommes est volage, uniquement porté par leur soif de gloire, et la récente ouverture des mythiques portes de la Moria avait porté un coup dur à cette campagne, tout aussi louable soit-elle. De plus, ils savaient que cette elfe n’était pas venu pour défaire l’ennemi. Pas maintenant.

Elle avait installé son petit feu de camp au bord de l’eau, se préparant à y passer la nuit. Son arc et ses armes étaient disposés soigneusement dans l’herbe haute, en attente d’un entretien. Elle enleva son lourd haubert de coupe naine, dévoilant un corps mutilé d’innombrables cicatrices qu’une chemise informe dissimulait à peine. Arnor recouvra de sa bienveillance ce corps sans âge. Combien de guerre, de combat elle avait pu bien vivre ? Si seulement ses marques pouvaient raconter leurs histoires. Elle avait beau sonder au plus profond de sa mémoire, tout ce qu’elle voyait n’était autre que les pierres moussues de la cité déchue. Quelle ironie pour celle qui ne savait rien de se réveiller au pied de la ville de la Clairvoyante d’Annuminas. Elle aurait tout donné pour frôler la sphère glacée du palantir, renvoyant aux limbes toutes les mises en garde à propos de cet artéfact. Ne pas savoir qui l’on est, est pire que la folie.

Sa mélancolie se berçait dans les flots du lac Nenuial, trois ans s’étaient écoulés depuis sa renaissance, trois ans qu’elle cherchait le courage de se confronter à son échec. Tous ses efforts, tout ses sacrifices, toujours ces pierres de la cité endormie qui muraient son esprit.

Pourtant, l’espoir était permis, plus que jamais le passé pouvait devenir sien et sa vie reprendre son cours. Mais un sentiment d’oppression la saisissait, un passé, elle en avait un nouveau, terriblement court, mais présent dans son esprit… Est-ce que son ancienne vie correspond à ses nouvelles aspirations ? Son amnésie n’a pu empêcher la construction de nouvelles amitiés, de nouveaux liens … Allait-elle abandonner tous ceux qui l’entourent pour reprendre sa véritable existence. Mais laquelle de ses vies était légitime ?

Tant de contradictions, de peur, d’incertitudes …


Elle, elle le savait, mais ne disait rien. Sa feuille de la Lorien qui se cachait dans le creux de ses seins. Helven prit son pendentif, unique lien avec son passé ou, du moins, supposé comme tel. C’est uniquement vêtue de ce petit bijou qu’elle fut retrouvée dans les ruines d’Annuminas, il y a trois ans … Une bien belle journée se souvient-elle …

***

« Où suis-je ? »

Elle tenta de se lever, mais sa jambe cassée ne pu la soutenir, son corps entier la martyrisait, du sang –son sang ?- lui voilait les yeux.

« Que s’est-il passé ? »

La lumière lui brûlait la rétine, des pierres, de l’eau, un lieu désolé par le temps, une douleur vive dans la main. Elle ouvrit le poing et vit l’attache d’une broche profondément enfoncée dans sa paume, une feuille de Lorien. Une peur sourde l’envahit :

« Quel est mon nom ? »

Le vent courait le long des rues de la cité, caressant son corps d’elfe, apportant des chants funestes, fuir, elle devait se cacher, mais de qui ? Elle rampa comme elle pu vers une anfractuosité de pierre antique… Trop lente ! Un autre chant s’éleva, proche d’elle, un langage rude, elle devra se défendre avec son corps brisé, la mort, l’oubli, la peur, des larmes d’incompréhension… Le chant s’arrêta, une vague de chaleur incontrôlable l’envahit, la douleur … la douleur s’atténuait … Elle entendit des notes de musique s’envoler, l’enveloppant, la couvrant d’un sentiment de bien-être, sa jambe ne la faisait plus souffrir.

Elle chercha du regard la source de ce réconfort, ses yeux tombèrent sur un petit être massif armé d’un luth et, faisant fi des dangers, qui chantait d’une voix forte des incantations dans un langage ancien. Elle se sentit mieux, suffisamment pour se redresser, exposant sa nudité aux yeux de tous et surtout à ceux du nain qui rata quelques accords en détournant son regard pudique. La musique s’arrêta, le nain enleva sa lourde cape de fourrure et la proposa à la femme elfe : elle sentait fort la crasse et la bière bon marché, ne couvrait qu’une partie de son intimité, mais elle s’en accommodera : Ce n’était ni le lieu ni le moment de jouer la prude. De toute façon, le nain avait l’air le plus gêné des deux et c’est avec le plus grand soin de ne pas fixer la poitrine de son interlocutrice qu’il brisa la glace :

« -Viens avec moi, femme elfe, Annuminas n’est pas un lieu de villégiature et j’aurai le plus grand mal à quitter ce lieu maudit si je dois t’avoir dans les pattes.
-Je ne saurais comment vous remercier pour vos soins, ménestrel, je vous dois la vie.
-Appelles-moi Helved, maintenant tais-toi et suis moi, nous parlerons plus tard.

Fuir Annuminas se révéla finalement simple, le ménestrel semblait connaître tous les recoins de la ville et se cacher des êtres maléfiques de ce lieu était une formalité pour lui, même avec un grand balai aux yeux pleins de stupidité comme elle l’avait entendu marmonner à quelques reprises.

« -Voilà l’île de Tinnudir, nous y serons en sécurité, tu vas pouvoir manger, boire, te vêtir et me raconter ton histoire ensuite.
-Je … je ne sais pas comment je suis arrivée ici, je ne sais plus …
-Ah … Sûrement la blessure à la tête... Ba, après un bon repas et quelques bières, tu te sentiras mieux, ça te reviendra. Tu sais ton nom quand même ?
-Comment je m’appelle ? … je… euh … je ne sais plus.
-Ta blessure a l’air plus grave que je ne pense … Ecoutes, j’aimerai rester, histoire de me rendre utile mais j’ai un truc à faire qui ne souffre d’aucun délai. Vais allez voir si y a pas un dunedain pour t’aider. Moi, les elfes, je connais pas bien, eux pourront mieux te rafistoler, y connaissent bien les elfes.

Et c’est donc ainsi que commença sa nouvelle vie, en traversant le pont de Tinnudir à moitié nue, accompagnée d’un ménestrel nain aux effluves douteuses.

Son cas avait éveillé les rumeurs les plus folles aux seins des dunedains, renforcées par cet étrange mur blanc qui bloquait sa mémoire. Des gens qui perdent la mémoire, cela arrive de temps à autre : Blessures, choc émotionnel, mauvaise utilisation de l’herboristerie… des situations inhérentes à cette époque de guerre. Mais une elfe portant le signe d’un des peuples les plus reclus au monde, perdue au beau milieu de ruines à des centaines de lieu de sa forêt, il y avait de quoi se poser des questions. Beaucoup avait un avis, mais aucun n’avait de réponse.

Un seul se fichait éperdument de son passé, Helved, le nain qui l’avait retrouvé. Il lui proposa le gîte, en Comté, le temps qu’elle puisse reprendre des forces. Il était ce que les humains appellent un vieux garçon, plus préoccupé par ses voyages, autant physiques qu’éthyliques, à la recherche de chansons et contes qu’une compagne afin de fondre un foyer. Vivait avec lui son cousin, Karvo, répondant bien plus aux standards de la race naine. Bourru, teigneux, cupide, il s’était spécialisé dans la taille des pierres de toutes sortes et les revenus générés par son art étaient largement suffisants pour nourrir une troisième bouche fut-elle elfe. En effet, le caractère libertaire du ménestrel avait déteint en partie sur le bijoutier et les convenances de leur race qui voulaient que les histoires elfes restent aux elfes, n’avaient pas cours dans cette maison. Tout au plus quelques piques avinées lors des soirées de la Ligue des Tavernes.

De constitution solide, l’elfe ne mis que quelques jours à se remettre des blessures de sa chair. Il en était tout autre en ce qui concerne sa mémoire, définitivement bloquée. A ses yeux, elle n’était plus rien, une coquille vide sans passé, sans famille, sans nom. Elle restait la plupart du temps enfermée dans sa chambre, tentant vainement de gratter ce mur de pierre qui celait sa vie, essayant de comprendre qui elle était. Jusqu’au jour où Helved rentra sans frapper dans sa chambre.

« - Bon, faut qu’on cause un peu. Ta méthode ne sert visiblement à rien, donc on va faire à ma façon. Déjà pour commencer, je vais te donner un nom. J’ai réfléchis un peu et je pense que celui d’Helven t’ira à la perfection. Vu qu’actuellement, je suis ce qu’on peut appeler ta seule famille, tu prends mon nom. La dernière lettre n’est autre que le radical khuzdul qui signifie obscurité. Ainsi, tout le monde saura que tu as en toi une part obscure… du moins par ceux qui parlent Khuzdul … ah et évidemment, tu n’as pas ton mot à dire là-dessus. Nous sommes d’accord ?
- je n’ai pas vraiment le choix …
- Exact ! Bien ! passons à autre chose ... t’as l’intention de rester les miches collées à ce plumard encore longtemps ?
- … Qu’est ce que je peux faire de mieux dans l’immédiat ? J’ai trois possibilités : allez à Annuminas tenter de trouver des pistes, allez à la Lothlorien voir si quelque me connaît là bas, et …
- … Et la troisième possibilité ?
- … je préfère ne pas en parler…
- D’accord, je vois le genre ! Bon, alors ? Annuminas ou la Lorien ?
- La Lorien est le choix le plus logique … enfin je pense. Mais d’une, c’est très loin d’ici, surtout si j’y vais seule … c’est quasiment inaccessible de ce que j’en sais… encore plus si je ne peux pas prouver mon lien avec ce peuple. Et si le bijou ne m’appartient pas, ce voyage ne sert à rien … Et même si on me reconnaît, ça ne m’avancera pas beaucoup, je ne vois pas comment ils pourraient m’expliquer ma présence à Annuminas … Retrouver les personnes qui font partis de ma vie n’est pas ma priorité … enfin si … mais ce que je veux c’est de savoir qui je suis … briser ce fichu mur … Tu sais quelle question je me posais juste avant que tu n’entres ?
- Non ? laquelle ?
- Tu vas sûrement me prendre pour une idiote, mais là, je commence à avoir faim … et je ne sais même pas ce que j’aime manger. C’est quoi mon plat préféré ? … Parmi toutes les questions beaucoup plus urgentes, j’ai ce genre de réflexion … qu’est ce que j’aime manger... je suis pitoyable … : dit-elle dans un sanglot
- Là j’ai fais de l’ours au miel pour ce midi, tu vas aimer ça, je te le garanti. Bon cette question est réglée, t’es pas mieux ? Quoi d’autre ? Allez, je suis lancé, je réponds à toutes tes questions dans la demi-heure et on passe à table.

L’elfe ne pu réprimer un léger sourire. Le nain reprit :

« - Bon donc la Lorien, c’est pas l’idéal … ça me semble logique, reste Annuminas.
- Oui … Après tout, ne dit on pas que lorsque l’on perd son chemin, il vaut mieux retourner au dernier point connu ?
- C’est un point de vue que j’aime pas mais oué, pourquoi pas …
- Ce n’est pas ça que tu fais ? quand tu te perds quelque part dans la nature ?
- Nan, quand je connais pas un coin, je le visite entièrement jusqu’à qu’il me devienne familier. Et j’avance un peu plus !… retourner sur ses pas, c’est une perte de temps.
- C’est une vision un peu simple…
- C’est la seule qui soit valable !
- …
- Bref, faut que tu retournes à Annuminas.
- Je pense que c’est le mieux à faire oui … Mais je ne peux pas y allez comme ça ... Annuminas est totalement envahi, je vais me faire tuer au bout de dix pas … et mourir sans savoir qui je suis, cela me terrifie encore plus. Remarque, la question sera réglée une bonne fois pour toute et je pourrais enfin me reposer…
- N’oublies pas que tu as une dette éternelle envers moi… il t’est totalement impossible de mourir tant que tu ne l’auras pas réglé. J’irai personnellement te chercher dans l’autre monde et te faire revenir à grands coups de pieds au cul, je te le garanti !
- …
- Bon tout ce qu’il faut, c’est te renforcer un peu côté art martial et aller à Annuminas chercher des pistes ?
- En gros oui.
- Ca tombe bien parce que hier, suis allé à Bree faire un petit tour et j’en ai profité pour chercher les jours de recrutement de la milice, histoire de suivre leur entraînement. Tiens, voilà la lettre d’engagement à présenter signée.
- … je vois. T’avais déjà tout prévu ?
- Héhé, et oué, c’est fini de jouer la pleureuse dans ta piaule. Maintenant, tu vas te bouger les rognons et faire ce qui soit être fait…. Bon c’n’est pas tout, mais vais me prendre une bière de mise en bouche, tu m’accompagnes ?

Deux jours plus tard, Helven franchissait la porte ouest de la ville de Bree. Le centre d’entraînement de la milice était un des passages obligés pour tout humain de l’Eriador qui se prédestinait à une glorieuse épopée, ou un rapide voyage au cimetière. Ce qui faisait de cette ville champêtre, un des points centraux des peuples libres. On pouvait également y croiser hobbit, nain ou, plus rarement, des elfes. Bizarrement, le fait d’être au contact de sa propre race mettait mal à l’aise la femme elfe. Peut être que l’un de ceux qui lui adressait un noble salut la connaissait elle ou un membre de sa famille ou qui d’autre encore ? Peut être qu’il avait entendu parler d’elle ? Le fait est qu’Helven avait disparu et que, s’il lui restait de la famille ou des amis, des recherches étaient peut être lancés dans l’espoir de la revoir un jour ? Est-ce qu’un des représentants de sa race était là pour elle ? Était-elle arrivée trop tôt ? Ou trop tard ? Pourquoi pas leur demander directement ? Non c’était idiot. Si effectivement l’un d’entre eux était à sa recherche, il l’aurait reconnu … Ou Helved l’aurait su, ce ménestrel avait l’art de savoir tout avant tout le monde, il lui aurait dit immédiatement …

C’est perdu dans ses pensées qu’elle arriva sur la place d’arme. Une foule cosmopolite s’y pressait, c’était jour de recrutement. L’elfe rejoignit une des files, l’attente serait longue et elle tentait de se vider la tête en écoutant des brides de vie qui s’échappait du brouhaha ambiant. On pouvait y croiser tout type de personnage, des jeunes gens rêvant d’aventure ou cherchant vengeance pour un frère ou un parent tué, des fanatiques de la lumière voulant détruire les forces de l’Angmar, des combattants émérites de lointaines contrées souhaitant perfectionner leur art auprès d’autres peuples … Mais ce qui revenait incessamment à ses oreilles était cette simple question : que fait cette elfe ici ? En effet, elle était la seule non-humaine à se présenter à la milice, les autres races des peuples libres ayant leur propre instruction militaire. Ce n’était pas plus mal se disait elle, si effectivement on la recherchait comme elle l’espérait, ce serait bien plus simple si tout le monde parlait d’elle comme la seule elfe ayant suivit un entraînement typiquement humain.

Au bout d’un long moment, ce fut à son tour de se présenter devant le recruteur, elle lui remit la lettre signée quelque jour auparavant par Helved. Le soldat lu très attentivement en jetant quelques regards inquisiteurs à la femme elfe.

« - Vous vous présentez donc pour une carrière d’archère ?
- Euh … Je ne sais pas, je sais juste que je suis sur les listes … Mais je ne savais pas qu’il fallait choisir déjà une voie … Je ne sais pas …. Euh, je n’ai jamais utilisé d’arme … C’est le fait que je soit une elfe ce choix d’archère ?
- Suffit. Vous posez trop de question.
- … Excusez-moi …
- Et arrêtez de me faire perdre mon temps, vous me prenez pour un lapereau de trois jours ou quoi ?! Vous êtes archère, vous suivrez l’entraînement pour archer.
- Comment pouvez-vous en être aussi sûr ?
- Vous vous fichez de moi ou quoi ? J’ai du travail, pas de temps à perdre en simagrée !
- C’est que … j’ai perdu la mémoire …

D’un coup, le recruteur s’adoucit :

- Oh pardon, excusez-moi ...
- Il n’y a pas de mal...
- J’ai plusieurs connaissances dans votre cas, les joies de la guerre on va dire... Je sais ce que vous endurer …
- Mais comment savez-vous pour moi ?
- Très simple … cela m’étonne que vous ne le sachiez pas : vos bras. Toutes ces entailles au niveau des avants bras que vous avez. Tous les chasseurs humains ont ce genre de cicatrices. Chez les elfes, elles n’existent pas, votre peuple est bien trop agile pour s’infliger de tels marques… sauf ceux qui utilisent cette arme dans un but martial : les cadences de tir sont bien plus importantes que pour la chasse, vous ajoutez le stress dû au combat et vous obtenez des elfes avec ces cicatrices. Si y a bien un truc de sûr, c’est que vous êtes une archère taillée pour la guerre.
- …
- Je vais vous mettre dans une section spéciale, que des soldats d’expérience… beaucoup dans le même cas que vous, cela va vite vous revenir, vous verrez…
- … Mais je n’ai aucun souvenir de cela … je ne vais pas y arriver…
- Si si, ne vous inquiétez pas ! Votre expérience de combat est bien là en vous, si vous ne vous en souvenez pas, vos muscles, eux, s’en souviennent. On va les réveiller et dans quelques temps vous aurez tout retrouvé … c’est fréquent ce genre de situation, on a l’habitude.
- Je ne sais comment vous remerciez…
- Inutile ma dame, je ne fais que mon métier. Maintenant, si vous pouviez vous écarter, j’ai encore beaucoup de monde à voir aujourd’hui : dit le recruteur en détournant le regard, se sentant rougir face au sourire angélique qui illuminait le visage de l’elfe.

L’elfe s’avançait vers le bâtiment de la milice … Finalement, c’était une belle journée qui se dessinait.

***

La pluie tombait drue dans le bois de Chet, rendant collante son armure, entravant ses mouvements. Elle redoublait de prudence, de peur qu’un mouvement malhabile ne trahisse sa position… Encore quelques pas et elle sera à bonne distance, son arc prêt à donner la mort. Ses cibles ne se doutaient de rien … Elle prit quelques instants pour s’assurer que tout était en place : un piège un peu en arrière en cas de fuite, ses fioles d’huile lumineuse dans sa petite poche au niveau de l’épaule … parfait.

En face, trois brigands qui déchargeaient le contenu d’une charrette dont les malheureux propriétaires gisaient sur le sol … Attendre qu’ils prennent quelque chose, qu’ils aient les bras chargés et qu’ils n’aient pas le temps de réagir …. Voilà. La corde se tendit rapidement, puis libéra le trait meurtrier. La première flèche eu à peine atteint la gorge de sa cible qu’une deuxième fut lancée, tout aussi précise.. Dans un réflexe inhumain le troisième brigand eu la lucidité de se jeter au sol, échappant à son châtiment d’un cheveu… il rampa derrière un arbre, impossible de le voir. Ce qui était également vrai pour le brigand qui ne vit pas la femme elfe jaillir de son buisson, armée de sa lance… En quelques foulées elle arriva à la hauteur de l’arbre, le contournant par la droite pour faire face à son ennemi. Celui-ci s’était relevé, la menaçant de son épée, il vociférait des insultes autant dues à la colère de la perte de ses amis que par la peur d’une mort imminente. Helven lui répondit simplement en portant un coup avec sa lance, suffisamment faible pour que l’humain puisse parer le coup et surtout lui laisser une ouverture dans sa défense, prestement exploitée par la chasseresse qui lui planta violemment sa dague dans le front.

Si elle avait déjà décidé de laisser les corps des brigands à la merci des bêtes et corbeaux, c’était un moyen peu coûteux de faire passer un avertissement, elle prit sur elle de ramener les corps des deux malheureux jusqu’à la ville de Bree, histoire qu’ils aient un enterrement décent. Alors qu’Helven attelait son cheval, elle entendit un léger bruit à l’arrière du chariot. Elle fit mine de n’avoir rien entendu, prenant discrètement sa dague puis d’un mouvement vif, sauta dans la charrette, soulevant la bâche qui couvrait le reste des caisses. Rien. Elle l’avait bien entendu pourtant ? Encore un faible bruit … Qui provient d’une des caisses ? Celle-ci n’était pas clouée au dessus… Quelqu’un se cachait dedans … Doucement, elle mit sa main sur la pièce de bois, l’autre armée de sa dague, prête à frapper. Elle prit sa respiration puis bondit. La lame d’acier s’arrêta brutalement.

« - C’est pas vrai …

Elle recula doucement, s’asseyant sur le rebord du chariot, son regard fixant sa découverte. Deux petites filles aux cheveux roux qui se blottissaient comme elles le pouvaient dans leur minuscule cachette. Helven rangea son arme, pris sa sacoche et en sorti quelques fruits sauvages qu’elle avait ramassé en route.

- Tenez, mangez ça … c’est très bon…

Les deux jeunes enfants osèrent un regard plein de terreur vers l’elfe, la plus grande des deux tenta même un geste pour saisir une fraise de la paume de l’elfe mais se ravisa et se blottit de plus belle. Helven se leva, posant les fruits à proximité des filles, puis sauta hors de la carriole. Elle n’avait absolument pas le temps de faire de la psychologie et chaque minute augmentait le risque de tomber sur une patrouille hostile. Ce n’était pas plus mal de les savoir cachées dans cette caisse, cela les préservaient d’une hypothétique attaque. Tout au plus, elle prit le plus grand soin de couvrir entièrement les deux victimes avant de les mettre dans le véhicule. Ce devait être sûrement les parents des deux petites, inutile de leur imposer la vue de leur corps mutilés.

« - Je vous amène à la ville de Bree, on va s’occuper de vous ensuite.

Le convoi avait progressé à faible allure, le cheval d’Helven n’étant pas taillé pour transporter de lourdes charges, et la ville se dévoilait peu à peu dans l’horizon. La femme elfe commençait à se détendre et tenta un début de conversation avec les deux rouquines :

« - Bon alors …. C’est quoi vos petits noms ?

Aucune réponse.

« - Vous n’avez plus rien à craindre vous savez ? Je vous protège maintenant … Alors … vous vous appelez comment ? … Moi c’est Helven.

Encore une fois, ce fut la plus grande des deux qui prit l’initiative :

« - Vous avez des oreilles bizarres … Ca vous fait pas mal ?

La chasseresse ne pu s’empêcher d’éclater de rire

« - Non non, ça ne me fait pas mal. C’est la première fois que tu vois ce genre d’oreille ?

La fille acquiesça de la tête.

- Je suis une elfe, on a tous des oreilles comme ça …et ta copine ? Elle avait déjà vu des elfes ?
- C’est ma sœur.
- D’accord … et elle s’appelle comment ta petite sœur ?
- Otila

A son nom, la jeune fille se tourna vers l’elfe, la fixant de ses grands yeux verts, les joues poisseuses de larmes.

« - Bonjour Otila… alors ? Tu avais déjà vu des personnes avec des oreilles comme les miennes ?

Helven s’approcha de la caisse histoire qu’elles puissent les voir de plus près mais se ravisa en voyant le mouvement de recul des deux enfants. Elle reprit comme elle pu le dialogue :

« - Vous n’avez pas touché aux fruits … vous n’avez pas faim ?

Les filles, de concert, hochèrent la tête.

« - oui, vous n’avez pas faim ? … ou oui, vous avez faim ?

Une fois de plus, le même mouvement de tête. Helven souriait devant le tableau :

« - au fait, ta petite sœur c’est Otila et toi ? Je ne sais toujours pas ton nom.
- Skali
- Bonjour Skali … Ce n’est pas un nom du coin ça, tu viens …
- Où sont nos parents ?

La petite voix fluette d’Otila désarçonna la femme elfe. Elle ne savait pas si les deux corps qu’elle avait embarqués étaient les défunts parents des deux fillettes

- Ils n’étaient pas avec vous ?

L’ainée répondit :

- Papa nous a dit de rentrer dans la caisse et de ne pas en sortir jusqu’à qu’il nous ouvre…Où est papa ? … Et maman ?
- Vous étiez dans la charrette avec votre papa et votre maman ?

Encore un hochement de tête des enfants, cette fois ci Helven ne souriait plus :

- Vous savez ce qui s’est passé une fois dans la caisse ? …
- On a attendu longtemps, y a eu du bruit et maman a crié … Des messieurs parlaient … mais papa nous a dit de ne pas sortir de la caisse… et t’as ouvert la caisse
- … je vois … Ecoutez les filles … je …

Les jeunettes fixèrent l’elfe de leur grand yeux plein d’espoir, déchirant le cœur de la chasseresse :

« - Je suis désolée … mais vos parents ont été tués.

Otila se remit à pleurer, Skali cria :

« - C’est pas vrai ! Papa a dit qu’il viendrait ouvrir la caisse !
- Ecoutez … je sais que ce n’est pas facile à entendre … mais c’est la vérité … J’ai aussi entendu votre maman crier … je suis venu voir ce qu’il se passait … Vous avez été attaqué par des brigands …

Les deux filles ne l’écoutaient pas, pleurant et gémissant dans leur caisse. Helven ne savait pas quoi faire, ce n’était pas vraiment le genre de situation où elle excellait, elle qui était déjà renfermée de nature.

« - Vous avez des tontons ou des tatas ? … des grands parents ? … Peut être un grand frère ou une grande sœur ? …

Skali se moucha d’un revers de la manche :

« - Y avait plus que papa et maman …
- Skali, d’où venez vous ?... peut être que si je préviens le chef de votre village ? …
- On vient du Rohan …
- Le Rohan ? … ce n’est pas la porte d’à côté … qu’est ce que vous faites aussi loin de chez vous ?
- Papa cherchait une ferme où on pourrait vivre.
- Et pourquoi ici ? le Rohan est vaste, il y a de bonnes terres dans votre pays.
- Papa avait une grande ferme avec tonton Ada … Mais elle a brûlé, et tonton et sa famille ont été tués … not’ village aussi a brûlé …
- … et donc ton papa cherchait une nouvelle ferme …
- y disait que le Rohan était très dangereux ! et qu’on devait allez loin pour qu’on soit loin du danger. Moi je voulais pas !
- Ton papa a fait ce qui était le mieux pour vous …
- Mais papa et maman sont morts maintenant …
- Tu sais, je suis sûr que s’ils étaient là … ils te diraient qu’ils sont rassurés de vous savoir en vie… C’est comme ça un papa et une maman, ils se fichent de savoir ce qui peut leur arriver du moment que leurs enfants vont bien …


Skali se remit à pleurer serrant sa petite sœur dans ses bras. Helven se releva et sauta hors de la charrette en marche, il était inutile de continuer la conversation dans l’immédiat. De toutes façon le convoi allait entrer dans le village de Combe, il fallait prévenir les autorités locales de l’attaque qui avait eu lieu et de mettre en place des équipes de veilleurs de route pour s’assurer qu’il n’y aurait pas de représailles de la part des brigands du bois de Chet.
D’ailleurs elle aperçu l’agent de l’ordre Soucolline, une vague connaissance qui datait de son instruction auprès de la milice. D’ailleurs celui-ci se dirigeait vers le convoi :

« - Helven ! Salut à toi … Qu’est ce que tu me ramènes ?
- Deux tués et leurs deux filles, en vie celles-ci...
- Je vois … il s’est passé quoi ?
- Des maraudeurs, ils en avaient après le contenu du chariot. Dis-moi ? qui s’occupe des enterrements dans ton village ? J’aimerai qu’il prenne en charge rapidement les corps. J’aimerai que les fillettes puissent assister à l’enterrement … enfin … tu vois …
- Oui, pas de souci, c’est le vieux Ted qui s’occupe de ça. A cette heure, il doit déjeuner à l’auberge. Et pour les filles ? De la famille ?
- Ba … selon la grande, ils venaient du Rohan.
- Du Rohan ?! mais qu’est ce qu’ils fichent ici ?
- Le gars voulait s’acheter une ferme, ils ont eu des problèmes chez eux, encore une attaque … pauvres gens…
- Faut pas chercher à comprendre … si le sort à décider de s’acharner sur toi, t’es cuit de toute façon … Donc plus de famille ?
- Faut croire, je les amène avec moi à l’orphelinat de Bree après l’enterrement.
- D’accord, ça marche.
- Méfies toi pour les brigands, je n’ai pas été suivit mais rien ne dit qu’ils ne vont pas chercher à se venger pour leur copains… Et t’es le village le plus proche.
- T’inquiètes, on organise un assaut de grande envergure pour reprendre les bois. Combe est blindée de Héros prêt à en découdre ... qu’ils viennent, ils vont être bien reçu
- Je vois ... bon, je file, je n’ai pas fini et j’aimerai arriver à Bree avant la nuit.
- Ca roule, à plus l’elfe !
- Au revoir.

L’enterrement s’était déroulé comme d’accoutumé, le vieux savait malheureusement comment y faire, quelques paroles de circonstances, les filles avaient compris l’importance du moment et étaient docilement sorti de leur caisse à la demande de l’elfe pour dire au revoir à leur parent. Sûrement par la faim qui les tenaillait également, vu la rapidité à finir leur repas promis par l’elfe après les funérailles. Helven donna la charrette et tout son contenu à l’humain contre l’assurance que les deux tombes soient un minimum entretenu. Il était temps de faire son rapport à la milice de Bree mais avant, il fallait déposer les deux enfants à l’orphelinat local avant la fermeture nocturne.

Vu le nombre d’enfants qui jouaient devant la bâtisse sans charme, elle était arrivé juste à temps, les deux rouquines la suivant comme son ombre, visiblement terrorisées. Helven frappa à la lourde porte où une jeune femme vint leur ouvrir :

« - Oui ?
- Bonsoir, je suis de la milice de Bree. Je vous amène deux jeunes filles.
- Bonjour vous deux : la femme s’agenouilla en s’adressant aux jeunettes. A ce geste, Otila et Skali saisirent vigoureusement les mains de l’elfe. Helven fut la première surprise. L’humaine eu un léger sourire :
- Elles sont effrayées vos deux protégées … C’est fréquent. Dans quelques semaines, ça ira mieux, le temps qu’elles se fassent des copines et qu’elles s’habituent au lieu.
- Je vous crois sur parole.
- Quelle est leur histoire ? Vous êtes certaines qu’elles n’ont pas de famille ?
- Et bien, de parent direct malheureusement non … D’ailleurs elles y ont assistés si vous voyez ce que je veux dire … Et selon elles, aucune autre famille… Elles viennent du Rohan.
- Je vois … Et vous vous appelez comment mes chéries ?

Voyant que la femme s’adressait encore à elles, les deux filles se blottirent fortement aux jambes de la chasseresse. Cette fois, elle se senti désemparée face à ce mouvement d’humeur. L’humaine reprit :

- Et bien, elles ont l’air de vous apprécier …
- Je ne sais pas quoi vous dire … elles avaient peur de moi il n’y a pas deux heures…
- Vous savez comment elles s’appellent ?
- Euh .. oui oui, la petite s’appelle Otila, et la plus grande Skali
- En tout cas, rassurez-vous, elles seront bien traitées ici. La ville de Bree fait des efforts conséquents pour que tout ces malheureux aient de quoi manger.
- A ce propos, si je peux vous aider financièrement, dites le moi, j’ai un peu d’argent … pour des vêtements ou pour vous … enfin, dites moi, je peux financer une partie...
- Non, je viens de vous le dire, tout ira bien pour elles. A la limite, venez leur dire bonjour de temps en temps... Mais éviter de passer trop régulièrement. Cela peut rendre jaloux les autres enfants.
- … très bien.
- Bien ! Et ben, je pense que c’est le moment de leur dire au revoir …. Je vais leur montrer leur chambre.

Comprenant ce qui se passait, les deux filles se serrèrent autant qu’elles le pouvaient aux jambes de l’elfe

- Allez les filles, suivez la dame, elle est très gentille vous savez …
- Allez, venez avec moi : dit l’humaine en prenant chacune des filles par leur bras.

Skali de démenait, Otila se mit à pleurer. Helven tentait ce qu’elle pouvait pour les rassurer et leur faire desserrer leur emprise.

- je viendrai vous voir bientôt, tout ira bien pour vous, faites mon confiance les filles …
- Non ! On veut pas ! Nous laisses pas ! : les deux rouquines se mirent à hurler et gesticuler pour se libérer de l’humaine. Mais elles ne pouvaient pas lutter contre sa force et se laissèrent traîner au sol, tendant leur bras vers la chasseresse, l’implorant du regard, la suppliant. Helven senti une larme couler le long de sa joue. Elle tentait de se justifier autant pour les filles que pour elle-même :
- Je vais venir vous voir bientôt ! On ira acheter des bonbons ! Soyez sage mes chéries … Vous allez vous faire pleins de copines ici !

Pour toutes réponses, des cris, des larmes, toute la tristesse de ces deux petites enfants ayant tout perdu.


Un temps splendide. Décidément, la Comté est la région la plus agréable qu’il ait jamais visité et s’installer ici est sûrement une des meilleures idées qu’il n’ait jamais eue. Le ménestrel se tenait sur le pas de la porte, une pipe au bec, appréciant la douceur printanière et réfléchissant à ses projets pour la journée. Une bière à Cul-de-Sac et s’il prenait sa mule, p’têt même un bon repas chez ses copains de la Ligue à Grand’Cave, en terrasse. Endroit idéal pour faire montre de son talent de conteur aux voyageurs de passage. Ou alors, il resterait tranquillement à la maison à boire des coups jusqu’à qu’il ne sache plus comment il s’appelait. Le choix était cornélien. Tout à ses pensées, son regard fut attiré par un mouvement au loin. Tout en masquant le soleil de sa main, il scruta ce qui ressemblait à un cheval précédé d’une personne de haute stature. Il était encore trop loin pour voir précisément mais ce cheval avait une drôle de forme.

« - Mais qu’est ce que … Oh ! Karvo !

Aucune réponse du bureau attenant. Helved insista lourdement :

- Foutreciel ! Karvo ! Vient voir ! … Oh l’animal ! Bouges tes rognons ! … M’obliges pas à venir te chercher ! …

Un vacarme assourdissant éclata dans le bureau, la porte vola presque en éclat.

- Quoi ! Qu’est ce qu’y a ! T’as intérêt à pas m’avoir fait sortir pour tes bêtises de soiffard !

Sans se retourner vers son cousin rouge de colère, il dit dans un sourire :

- Viens donc voir ce que la petite nous ramène.

Le bijoutier s’exécuta, le cheval était maintenant à distance suffisante pour voir son chargement.

- Foutreciel …
- Tu la dis l’ami …
- Mais qu’est ce qu’elle nous fait encore celle là ?
- Ba, suffit de lui d’mander... Oh ! Helven ! : héla le ménestrel en direction de l’elfe. Pour toute réponse, un regard penaud de celle qui venait de faire un geste insensé.
- Je croyais que t’étais parti en mission de surveillance au bois de Chet ?
- C’est le cas…
- Et ba !... C’est des champignons généralement qu’on trouve dans les bois non ? Pas des enfants ?
- Je ne sais pas quoi te dire Helved …
- T’as l’intention de nous ramener toute la misère du monde à chaque mission ?
- …

Karvo tourna les talons et retourna à son étude, adressant un regard convenu à son cousin. L’elfe était maintenant sur la propriété, aidant les deux filles à descendre du cheval. Helved s’approcha de la petite troupe. La chasseresse s’attendant à la question, prit les devants :

- Elles n’ont plus rien dans ce monde, elles peuvent rester ici ?
- Ca dépend …
- Je sais que ça fait deux bouches en plus à nourrir et que je te dois déjà beaucoup mais …
- C’est pas un problème d’oseille ma grande.
- Donc elles peuvent rester ? T’as demandé à Karvo avant ? je sais que toi tu es plus léger question financière mais lui l’est beaucoup moins.
- Je t’ai dis que le pognon on s’en fout, il est d’accord. Du pognon, on en a trop, c’est pas deux ventres humains qui arriveront à goinfrer nos économies.
- Où est le souci alors ?
- Ah mais y a aucun souci, idiote. Enfin pour moi j’entends.
- Ah ?
- Non, c’est ton souci. On paye ce que tu veux, mais tu t’occupes entièrement de ces deux enfants. Ecole, éducation, les bobos, tout le bordel, c’est pour ta pomme.
- Aucun problème.

Helved prit une voix plus discrète :

- c’est ce que tu devras dire à l’autre zouave, bien sûr que ça roule avec les deux poulettes, je m’en occuperais autant que je peux... Mais chut, pas à mot de ça à l’autre zigoto…

La chasseresse sourit devant son sauveteur :

- Décidément, rien ne peut entamer ta bonne humeur
- Hééé non !

Helved se tourna vers les deux filles qui le fixèrent :

- Comment vous vous appelez ?
- T’es petit, monsieur…
- Hé oué, je suis petit, pourquoi, t’aimes pas les petits ?
- Pourquoi t’es petit ? t’as pas mangé ta soupe ?
- Aha ! Je suis un nain triple buse ! Chez moi, les gens biens sont les gens petits. Ce sont aussi les plus grands par beaucoup de côté … rappelles moi de t’expliquer la théorie du L quand tu seras plus grande.

L’elfe coupa court :

- la quoi ? … C’est quoi ton histoire de théorie ?

Pour toute réponse, un haussement de sourcil et un sourire salace.

- Je vois … quand elles seront beaucoup beaucoup plus grandes hein ..
- Aha !
- Sinon la grande c’est Skali et la petite, Otila.
- Héhé, bonjour les filles … Dites, ça doit vous changer du Rohan ici non ?
- Comment tu sais ...
- Attends … rappelle moi ma profession s’il te plait ?
- … J’ai rien dit.
- C’est normal que tu sentes mauvais ? Demanda Otila.
- Hé oué, c’est parce que je mange les enfants ça !

A ces mots, Otila couru se blottir contre les jambes de l’elfe. Helven eu un regard noir envers le nain :

- Il raconte des bêtises. Il est très gentil tu sais ? Il connaît beaucoup d’histoire et joue de la musique. Il pourra te jouer d’un instrument si tu lui demandes gentiment.
- D’ailleurs les filles, vous connaissez l’histoire du troll qui voulait jouer à chat perché avec un ours ?
Les deux enfants répondirent par la négative, intriguées.

- Alors courez dans la maison et allez vous asseoir à table. Je vais vous servir un bon gâteau et je vous la raconterai. Ca vous va ?

Pas de réponse, les fillettes cavalèrent tête la première dans la maison sous le regard amusé de l’elfe et du nain. Le nain alla les rejoindre d’un plus débonnaire mais avant qu’il ne passe la porte, il s’adressa à Helven :

- Ça me surprend de toi.
- De quoi ? Que je ramène les deux filles ? … Qu’est ce que tu veux que je réponde. Que je me suis vu en elles ? et que j’ai tenté de faire comme toi à mon encontre ?
- Pas seulement … P’têt qu’un jour tu comprendras.
- …
- T’as eu une excellente idée de les faire venir ici. Elles vont être bien ici.

3[LOTRO] L'histoire d'Helven Empty Re: [LOTRO] L'histoire d'Helven Mer 21 Sep - 11:44

Divine Otila

Divine Otila

***

Et ainsi le temps passait en Comté. Elle avait un foyer où sa nouvelle famille l’attendait chaque soir, des amis, elle n’a jamais manqué de rien. Bien que la nature l’appelait à chaque instant, elle appréciait ces moments intimes entre Otila qui préparait des plats plus somptueux les uns que les autres tout en devisant avec sa sœur Skali dans un patois du Rohan totalement imbuvable. Karvo qui, inlassablement, comptait et recomptait les pierres précieuses dans son petit bureau, enfermé à triple tour et Helved, le ménestrel et véritable chef de famille déclamant son amour pour les ours en vers et contre tous ceux qui ne comprenait rien à ces nobles bêtes. Une famille étrange et disparate, mais qui réchauffait le cœur en ces temps de guerre.

Si ces compétences martiales étaient revenues rapidement, comme l’avait deviné son recruteur, elle passa plusieurs saisons au service de la milice de Bree, bien que personne ne lui ai jamais rien exigé. Mais il était temps pour elle de revenir à Annuminas et chercher des pistes, des sensations, tout ce qui pourrait lui rappeler son passé. Ce qui devait se résumer à quelques jours de voyage est finalement devenu trois ans d’errements et de quêtes diverses. Sa nouvelle famille qui peu à peu couvrait d’un voile ce mur l’empêchait de chercher sereinement son passé. Elle était également terrorisée à l’idée de ne jamais retrouver son histoire.

Mais finalement, au bout de trois ans, elle était là, face à la cité endormie.

Combien de temps elle s’était assoupie ? La nuit commençait à étendre son voile sur la terre du milieu, les rôdeurs allumaient les torches protectrices. Et quelques notes de musiques s’envolaient, défiant les angmarins d’Annuminas.

« -Une fois de plus, ta musique me couvre de la ville déchue …
-Héhé, mais cette fois tu n’es pas toute nue !
- Y aurait-il une pointe de déception dans cette phrase ?
- Nullement, Helved coupa court à cette conversation qui l’aurait amené sur des sujets peu évidents, je suis venu te prévenir que le message que tu attendais est arrivé.

Helven se leva d’un bond.

- Ca y est, ils y sont arrivés ?!
- Oui, depuis ce matin, la route est libre pour ceux en sont digne, nous avons de nouveau la possibilité d’atteindre la Lorien.

L’elfe s’habilla en hâte, le cœur battant mais en préparant ses affaires, elle se retourna vers le nain qui continuait à jouer de son luth.

-Tu viens avec moi ?
- Pourquoi veux-tu y aller maintenant ?
- Mais … La Lorien est accessible, s’il a des réponses à mes questions, elles se trouvent là-bas, je dois y allez au plus vite.
- Ou est ce une raison de ne pas aller à Annuminas et chercher les pistes dont tu me bassines depuis des années ? Es-tu seulement certaine de chercher ces soit-disantes réponses ?
- Bien sûr que je veux savoir qui je suis … Mais entre les hypothétiques pistes d’Annuminas et les probables réponses de mon supposé peuple … Je préfère le moins aléatoire des deux.
- Attend, je m’en rappelle encore nettement, ne me prends pas pour une chèvre hein : tu m’as certifié qu’il était préférable pour toi de chercher d’abord des réponses à Annuminas. Que les elfes ne t’apporteraient qu’une part de la vérité, et pas forcément celle qui t’intrigue le plus…
- Le contexte n’est pas le même. Oui, il y a trois ans, il était préférable de venir ici. Mais Il y a trois ans la Lorien était inaccessible, et je n’étais pas capable militairement de réaliser un tel voyage.
- Ah ? Parce que pour toi, c’est plus simple d’affronter les angmarins que trucider les trois poulets qui auraient croisé ta route jusqu’à la forêt ?
- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Mais qu’est-ce que tu me veux à la fin ?! Tu veux que je te dise que j’ai peur ? C’est ça ? Tu veux que je te dise que je n’arrive pas à trouver le repos depuis trois ans à cause de cette fichue mémoire ?! C’est ça ? Mais tu me veux quoi le nain ! : L’elfe était totalement hors d’elle.
- Oh … Calmes toi hein. C’est pas moi qu’il faut convaincre de tes choix. Tu veux aller à Annuminas, t’y vas, tu veux plutôt aller en Lorien, ben va y ma grande. Après tout, je suis qui pour toi hein ?

L’elfe ne l’écoutait pas, elle fixait les flots du lac nenuial qui venaient mourir à ses pieds, elle ne put contrôler les larmes qui glissaient le long de ses joues :

- Je ne sais pas quoi faire … Je suis totalement perdue …

Le ménestrel chercha l’inspiration quelques secondes avant de jouer un nouvel air sur son instrument puis il tenta de reprendre la conversation :

- Tu te souviens de ce que t’avais dit à propos de ceux qui perdent leur route ?
- … Vaguement.
- Que si tu te perds, la meilleure solution à mes yeux est de faire de cet endroit, un lieu familier, et ainsi de poursuivre ta route.
- Ah oui, je me rappelle …
- Quand tu m’as dit que tu voulais revenir ici, j’étais plutôt content. C’est effectivement ce que tu étais en train de faire. Ton ancienne vie … non… Disons qu’Annuminas est ce lieu où tu t’es perdue et qu’effectivement, le mieux était de reprendre ta piste à partir d’ici. Chercher des informations ici est ce que tu peux faire de mieux.

L’elfe eu un rire nerveux.

- Et ça te faire rire ?
- Tu as raison le nain … C’est exactement ce que je vais faire.
- Expliques ?

Helven se retourna, fixant le ménestrel de ses yeux humides, un large sourire aux lèvres

- Annuminas est effectivement le point de départ dont j’avais besoin … et ma route se dirige vers la Lorien, tout simplement.
- T’es désespérante…
- Te plains pas, ça te fera une belle épopée à raconter.
- Ah, parce que tu veux en plus que je vienne avec toi ? Non mais t’es farci, l’elfe ?!
- Que je récapitule : tu veux que je cherche des pistes à Annuminas ?
- Oui.
- Nous sommes à Annuminas ?
- Jusqu’à preuve du contraire …
- Tu ne veux pas que j’aille en Lothlorien ?
- Euh … pas dans l’immédiat.
- Rappelles-moi qui vient de traverser la Comté et la moitié de l’Evendim pour me dire que l’accès à la Lorien était devenu possible ?
- …
- Si tu voulais que je fouille ces fichues ruines, t’avais juste à me laisser tranquille.
- Baa …
- Donc, si t’es là, c’est non seulement que tu veuilles que je rejoigne la forêt mais qu’en plus que je t’emmène dans mes bagages.
- … gniagniagnia.
- T’as pas changé, t’es toujours aussi chiant, et tu ne pouvais pas me dire ça tout de suite ? tu voulais absolument m’énerver ?
- Je voulais que tu sois sûr de ton choix surtout. Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que ma présence puisse t’être utile en quoi que ce soit, répondit-il d’un sourire triste.
- Toi le nain à la verve si flamboyante, le chanteur aux milles histoires, tu refuserais de te confronter à une antique culture elfique ? Aurais-tu peur de trouver plus fort que toi ?
- Pas du tout, ce voyage, je le ferai, soit en sûr … Là tu vas chercher ton ancienne histoire … Tu penses bien que cela me gène un peu …
- De la jalousie ? … Viens avec moi, Helved, je t’en pris …quoi qu’il arrive, je sais qu’au moins un membre de ma famille sera là bas.



Elle n’avait pas dormi de la nuit, ce qui en soit est normal au vu de sa race, son esprit n’arrivait pas à faire le tri dans ses sentiments et une grande lassitude intellectuelle l’envahissait. Les étoiles n’éteignaient peu à peu dans le ciel de la Comté, la lune terminait sa course, la nature commença à chanter le retour d’Arnor pour cette journée qui s’annonçait belle. Perchée en haut de son arbre, elle guetta avec impatience les premiers signes de vie dans la maison au flanc de colline. Et comme elle s’y attendait, c’est la jeune Otila suivi de sa sœur qui se précipitèrent de la demeure, encore vêtues de leurs robes de nuit.

« - Là, je vais passer un sale quart d’heure, pensa –t-elle.

Et effectivement, les deux jeunes filles du Rohan se lancèrent dans un véritable maelström de mots :

« -Helven ! … Alors tu pars ? Et tu vas où ? Tu vas seule ? On vient avec toi ? Tu fais quoi ? T’as mangé ? T’étais où ? Tu vas te battre ? Il voulait quoi le nain l’autre jour ? Tu veux quoi pour ton petit déjeuner ? T’as sellé son cheval ? Tu vas voir les autres elfes ? On va à Bree faire les boutiques avant ? T’as dormi ? Tu peux m’aider pour un truc ?… »

L’elfe, un doux sourire aux lèvres, regardait de ses yeux gris les deux filles piaillant comme oisillon, ne lui laissant aucune chance de répondre. Elles sautillaient à chaque question, semblant vouloir attraper une vaine parole de leur amie. Un ballet de joie de vivre et de jeunesse qui réchauffait le cœur de la grande elfe. Mais qui a un effet dévastateur sur les oreilles naines.

« -TAISEZ VOUUUUUUUS !!! La première qui l’ouvre, je lui balance des caillasses ! Vous êtes prévenues !

Le monde sembla se figer pour les deux surexcitées qui lancèrent un regard horrifié sur Karvo, se tenant sur le pas de la porte, les mains effectivement pleines de pierres de rune. La menace était sérieuse et les deux donzelles coururent se cacher dans la maison, en passant par la fenêtre de leur chambre, non sans avoir tiré élégamment leur langue en direction du petit être bourru.

« - Elles sont encore jeunes et innocentes, ne leur enlève pas ça, Karvo.
- Je suis à peine réveillé que je suis déjà las, elles auront ma peau un jour, soupira le gardien des runes.
- Ne dis pas ça, elles t’adorent et feront toujours ce que tu leur demandes.
- Peuh, elles font ce qui leur chante. J’ai à peine pu dormir ces derniers jours, de peur que l’une d’entre elles ne traverse la Comté pour voir où tu étais partie. Et à peine je peux commencer à me reposer qu’elles font gronder le tonnerre … Sûr que je saigne des tympans. Il n’y a que toi qu’elles écoutent, tu pourras leur parler avant de partir ? Je n’ai nullement envie de traverser l’Eriador pour les retrouver égorgées par des bandits ou pire. Je ne me le pardonnerai jamais…
-Toujours aussi sombre dans tes présages à ce que je vois … Ne t’inquiètes pas, elles t’obéiront.

Le nain semblait nerveux :

« - Helven ?
- Oui ?
- Ecoutes, nous deux, on n’a jamais vraiment parlé de ton histoire. Je n’ai jamais voulu t’embarrasser avec ça… et j’avoue que je ne souhaite pas prendre part à tes décisions. Mais y a une chose que je veux … enfin que j’aimerai … Quoi qu’il arrive, fait moi le serment que tu reviendras voir les deux jeunettes …

L’elfe sembla marquer un temps de réflexion

- Jures-le ! Tu es comme une mère pour elles !
- … Une mère …
- .. Euh … Excuses moi, je suis maladroit … Je … Oublies ce que je viens te dire … Ce n’est pas mes affaires.

La chasseresse descendit de son arbre, s’avança vers le nain et s’agenouilla, les yeux dans les yeux :

- Jamais je ne les abandonnerai, soit en rassuré.

L’elfe ne vit pas la lueur de gratitude qui inonda le visage du nain, son regard accrochant le dernier membre de la famille qui s’asseyait à table. Il était l’heure … déjà.

L’ambiance était pesante autour du petit déjeuner, Helved n’avait pas dit un mot depuis la volonté de sa protégée de rejoindre au plus vite la Lorien. Les deux petites humaines baissaient la tête, fixant avec obstination leur bol de thé mais personne n’était dupe et on entendait de légers sanglots émanant de leur côté. Karvo était perdu dans ses pensées, une mauvaise langue dirait qu’il comptait en silence ses pierres précieuses. L’elfe grignotait un quignon de pain, le ventre noué par l’aventure qui l’attendait.
La préparation des sacs se fit dans la même ambiance, seule Otila s’agitait dans tous les sens en préparant de la nourriture adéquate au transport. Karvo était de nouveau enfermé dans son bureau, mais –fait exceptionnel- ne s’occupait pas de ses registres de compte. Il faisait les cents pas autour d’un ours noir empaillé rapporté de haute lutte par le ménestrel, du moins selon ses dires. Skali, seule dehors, ne retenait plus ses larmes.

Helved, en vrai chef de famille, donna enfin ses premiers ordres :

« - Voyageons léger, prends juste tes armes et un petit sac avec quelques rechanges. La Moria n’est qu’à quelques jours d’ici avec des chevaux frais.
-Tu veux passer par les mines ? Elles ne sont pas sûres et je ne sais pas si j’arriverai à vivre dans cette ambiance confinée.
-Le col de Caradhras n’est pas ouvert pour l’instant. Et tu ne me refuseras pas le plaisir de te présenter la fierté de mon peuple, voyons ?
-Après tout, pourquoi pas, je te dois bien ça.

Alors qu’Helven se baissait pour saisir son arc, la feuille de Lorien glissa hors de son carcan de cuir. Elle prit son pendentif dans le creux de sa main et le fixa intensément. La clé de sa mémoire, cette si petite chose… Ses doigts caressèrent le bijou d’argent et de jade, cherchant vainement une réponse. Et si ce symbole ne lui appartenait pas ? Si tout cela ne servait à rien ? Si son voyage était vain et que sa mémoire reste fermée à jamais ?

Le ménestrel remarqua le regard désemparé de l’elfe :

« - Ne t’embarrasses pas l’esprit, Helven, nous ne sommes pas encore aux porte de la forêt et le voyage sera sûrement mouvementé. J’ai besoin de te savoir prête au combat.
-Je le serai, personne ne pourra se mettre en travers de ma route…
-C’est ce qui me fait peur, ne te laisse pas dominer par sa soif de réponse. Atteignons la Lorien … ensuite, advienne que pourra, mais au moins nous n’y risqueront pas notre peau là bas.
-Je t’ai dis que je serais prête !

Le ton était ferme, le ménestrel n’insista pas, tout reposera sur lui, il en avait bien peur. Il reprit :

- Ce soir, nous dormirons à Bree.
- Bree ? en forçant la marche, nous pourrions faire le double de la distance dans la journée.
- Je sais. Mais vaut mieux se tenir aux dernières nouvelles de l’état des routes, et Bree reste un point de repos pour tous voyageur venant de l’Est.
- Si t’insistes …
- Bree ! mais on peut venir alors ? C’est pas dangereux la route de Bree, on l’a déjà prise nous ! et toutes seules !
L’elfe se tourna vers les sœurs qui avaient discrètement rejoins la conversation. Elle s’assit, s’adossant au mur de la maison :

- Venez me voir vous deux.

Les filles ne firent pas prier et se jetèrent sur l’elfe, collant leur tête contre le lourd haubert de la chasseresse.

- ce voyage est déjà très compliqué pour moi, je n’ai pas envie de craindre en plus pour votre sécurité.
- Mais on est forte ! On n’a pas peur des brigands !
- Oui ! Même que Skali, ils osent plus l’approcher maintenant !
- Oui c’est vrai ! et pis Otila elle sait se débrouiller ! et au moins on n’a jamais faim avec elle !
- On peut venir alors !?

L’elfe sourira, ça ne servait à rien de prendre part à cette joute verbale, elle perdrait quoi qu’il arrive. Elle serra fortement les deux rohirrims.

- S’il vous plait les filles, je vous le demande du plus profond de mon être, ne tentez pas, par aucune manière possible et inimaginable, de me rejoindre. Vous êtes ce que j’ai de plus précieux en ce monde, je mourrais s’il vous arrivait quelque chose par ma faute… Je vous supplie de rester ici à attendre mon retour… faites m’en la promesse …

Les deux demoiselles se regardèrent pour juger de leur réponse :

-D’accord, on restera ici … mais tu reviens vite hein !?
-je ferai mon possible, une fois mon périple terminé.
-ça veut dire quand ?
-Dans une semaine ?
-Avant ?
-Et tu nous rapporteras des cadeaux ? Et si tu trouves un amoureux en route ? Et tu pourras m’apprendre à utiliser un arc ? On a le droit de se promener dans la Comté quand même ? Et si Karvo allait à Bree pour affaire, on peut aller avec lui ?

Le maelström reprit de plus belle, l’elfe se laissa bercer par ce flot ininterrompu de mots

- Vous allez me manquer les filles.

Le tonnerre de parole repris de plus belle, alternant encouragement, regret, et questions aussi diverses que farfelues. Cette fois ci, c’est le ménestrel qui coupa sèchement ce torrent :

- C’est l’heure, allons-y.

Les deux rohirrims serrèrent aussi fort qu’il était possible de faire, le corps de la chasseresse et ce n’est qu’au prix d’un long baiser sur le front des filles qu’elle pu se libérer de l’étau.

Le soleil baignait de lumière les collines de la Comté, les deux chevaux attendaient calmement l’heure du départ, l’elfe huma les senteurs printanières. Le ménestrel sifflait un air paillard, Karvo assistait au départ de sa fenêtre, plus inquiet des réactions des filles que dans la réussite de cette quête. Et c’est sous les milliers de recommandations des deux sœurs que le nain et la femme elfe prirent la route.

Bree n’était pas loin, ils avaient le temps. Le temps de réfléchir aux innombrables questions qui, inlassablement, venaient encombrer son esprit. Pas assez toutefois pour le nain qui se vu refuser le droit de boire un coup avec ses copains de la Ligue, aux tavernes jalonnant la route. Et c’est le cœur lourd qu’il adressait un sobre salut à ses camarades qui profitaient de la chaude journée pour étancher leur légitime soif.


Le Poney Fringant était particulièrement agité ces derniers temps, les héros soudoyaient les ménestrels présents pour raconter leur acte de bravoure. Les petites gens buvaient autant la bière fraîche que les paroles des conteurs. Tout n’était que rire et joie, les légendes naissaient et mourraient au rythme des chants. La Lorien était accessible, cela n’était pas arrivé depuis si longtemps. Non, cela n’était jamais arrivé. Pas à ce point. Et même si la cause de cette ouverture vers le monde venait de la menace des orques de Dol Guldur, le fait pouvoir se mélanger au mythique peuple des Galadhrims apportait allégresse dans le cœur des peuples libres.
Ceux qui fascinaient le plus l’assistance étaient les porteurs de la feuille de Lorien. Signe de leur rencontre et de l’amitié réciproque avec ce peuple sylvain, ils arboraient fièrement le bijou à leur cape dans l’espoir de repartir aux bras d’une délicieuse créature ou d’un beau jeune homme. Un vulgaire appât, voilà ce qu’ils faisaient de leur cadeau elfique.

Sauf une, dont la feuille de Lorien se cachait sous son haubert de cuir. Helven se portait naturellement à l’écart des festivités, ne s’autorisant que quelques brefs refus polis aux braillards qui lui proposaient toutes sortes d’alcools dans l’espoir d’une conversation romantique avec la belle aux cheveux d’argent. Le nain l’avait laissé seule, préférant la conversation des troubadours, en quête d’informations et de recommandations. Il était dans son élément, saluant à tour de bras, buvant une bière avec ceux de sa race, et lançant quelques blagues grivoises avec les hobbits dans le but de faire rougir les quelques elfes présents, bien malheureux de ne plus être les hôtes les plus illustres dans ce temple des légendes de comptoir.
C’est armé d’un demi cochon rôti et accompagné d’un autre nain engoncé dans une lourde armure de métal qu’il retourna voir sa protégée :

« - Hé l’amie ! Laisses moi te présenter un vieux copain à moi : Kuran ! Un solide nain comme on n’en fait plus ! Et un compagnon des plus agréables ! J’ai pleins d’histoire de nous deux battant la campagne en quête de gloire et de richesse dans notre jeunesse, il faut avouer que si je peux les raconter, c’est grâce à lui !
- Tu m’honores l’ami ! Mais dit donc, tes relations vont à vau-l’eau ! Tu t’encanailles avec les elfes maint’nant ?!

Le nain rougeaud défia du regard la chasseresse, un sourire carnassier aux lèvres. Il ressemblait à une coquille de fer d’où sortait ça et là des poils de barbes hirsutes, sûrement un puissant guerrier mais dont l’apparence devait faire fuir jusqu’à ses propres alliés. L’elfe se garda ses remarques et ne lui rendit qu’un noble salut de la tête.

- Hé hé, ça, si on m’avait dit un jour que je logerai avec une elfe, y aurai eu une jolie bagarre, c’est moi qui te le dis !
- Ah ?! parce que en plus vous deux ...
- NON !

Les deux interrompirent le gardien avant qu’il n’aille plus loin dans sa réflexion.

- Mais t’es pas bien dans la tête ou quoi ?! Helven est ma protégée, viens… Assoyons-nous et attaquons ce cochon avant qu’il refroidisse. Je vais te raconter l’histoire, mais tu payes la bière !

Helved jeta son dévolu sur une table proche, jetant sans ménagement deux ivrognes plongés dans leur rêve alcoolisé. Kuran s’assit au coté de son vieil ami d’enfance, gardant un regard inquisiteur sur l’étrange compagne du ménestrel. Ce dernier commença son histoire depuis le début : Annuminas, l’elfe, l’amnésie, la feuille de Lorien, les tourments de sa protégée et la raison de leur voyage. Le guerrier écouta toute l’histoire sans souffler mot tout en dévorant la pièce de viande, tassant ce qu’il engloutissait de litre de bière. Puis après avoir lâché un rôt à en faire trembler les cieux, il reprit :

- Une belle et triste histoire ma foi …

Cette fois, son regard s’était adouci :

- J’espère sincèrement que vous retrouverez la mémoire, belle demoiselle. Et dis-moi Helved ? Qu’est ce que je peux faire pour vous aider ?
- T’es à la Moria la plupart du temps maintenant non ?
- Oué bien sûr, y a du travail pour tous là bas. La mine n’est pas sûre encore, le mal rode mais nous vaincrons, soit en sûr ! Pour notre peuple et nos ancêtres !
- Avec toi là bas, j’en doute pas un seul instant ! Tu savais, Helven, que Kuran était un descendant d’un grand champion ? un brûlé de la bataille d'Azanulbizar !

A ces mots, Kuran semblait littéralement exploser de fierté dans son armure.

- Je n’en savais rien, Grâce soit rendue à votre ancêtre. J’espère qu’un jour je pourrai vous conter l’histoire des miens, quelqu’il soit.
- Et je ferai tout pour que vous puissiez le faire !
- Justement l’ami, j’ai un service à te demander
- Hé, tu me crois de la dernière pluie, tu penses quand même pas que j’ai pris ton offre de repas comme un geste d’amitié totalement gracieux
- Hé hé, en effet. Tu retournes à la Moria non ?
- Oué, j’avais pris quelques jours de repos pour porter mes vœux à ma famille pour ce printemps naissant.
- Et te vanter de tes faits d’arme à la taverne ?
- A ton avis, bourrique !
- Dis moi, ça t’intéresse de nous faire visiter la Moria ? tu profiteras du voyage avec nous afin que je couche sur le papier tes histoires… Je commence à avoir une petite réputation non négligeable et mes ballades ne sont jamais prises à défaut par mon assistance.
- Ah ba écoutes, ça m’ennuyait de voyager seul. Je n’y vois pas d’inconvénients.
- Alors marché conclu !

Et ils scellèrent leur alliance au son de leur choppe. Le reste du repas se fit au rythme des histoires d’un temps connu seulement par les deux larrons. L’ambiance de la taverne se dégradait au fil des litres d’alcool qui embrumaient l’esprit des aventuriers et un début de bagarre éclata devant l’estrade aux ménestrels. Une histoire mal racontée ou un chant non payé … cela n’intéressait personne, enfin on pouvait justifier de ses compétences guerrières autrement que par des mots. Les deux nains échangèrent un regard convenu :

- Allez, on va s’amuser un peu !
- On le fait comme avant ?
- Oué ! comme dans notre jeunesse ! ahaha ! qu’il est bon de te revoir mon cher Helved !
- Quant à moi, je vais prendre congé si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
- Fait donc l’elfe !
- Tu pourrais profiter de la baston avec nous non ? : harangua Kuran, un pied de chaise dans la main.
- Je ne vois pas l’intérêt de frapper des ivrognes…
- Ba, les elfes n’ont aucun humour… vas au lit alors !

La chasseresse se dirigea vers sa chambre, en évitant soigneusement de ne pas être prise à partie dans la bagarre devenue générale, ou de se prendre un des tabourets qui prenaient la voie des airs pour s’écraser au mieux sur un mur. Elle jeta un dernier coup d’œil au ménestrel, au beau milieu de la mêlée, une bière à la main, en braillant des insanités pendant que son rougeaud de collègue rigolait fortement de ses faibles qui n’osaient l’attaquer. Cette fois, elle n’aura pas le choix de prendre le temps de la réflexion : Deux nains pour l’accompagner, le voyage serait bien plus court que son précédent vers Annuminas.

Le voyage jusqu’à l’Eregion se passa sans incident notable. Bien que les poches boursouflées de pièces d’or devaient attirer les pires malandrins, personne n’osait approcher la longue hache affûtée du gardien. Il y eu bien quelques orques et d’autres créatures plus malfaisantes qui tentèrent de barrer la route du trio, mais n’apportèrent qu’un peu de baume au cœur des nains pour ces victoires faciles. Tout juste une petite altercation entre Helven et Kuran lorsqu’ils décidèrent d’un éventuel détour vers Fondcombe afin que l’elfe puisse présenter ses hommages au seigneur des lieux. Mais la chasseresse n’insista pas, sous le regard pesant du ménestrel qui ne voulait pas se fâcher avec leur futur guide dans la Moria.

Et c’est quelques jours plus tard, sous une pluie drue qu’apparue l’ombre fantomatique du Caradhras, ce soir, l’elfe dormira sous les frondaisons de pierre de Khazad Dum.
Ils avaient espéré une arrivée un peu plus solennelle devant la porte de la Houssaye mais tout n’était que cohue, transport d’objets et de marchandise de toutes sortes. Une foule hétéroclite s’agitait le long du lac noir. Le lieu n’était pas encore sous domination naine que déjà le commerce et la vie reprenait leur droit. Kuran se fraya un chemin à coup d’insulte et d’épaules pour ses compagnons et c’est sous la colère de la foule présente que la femme elfe s’engouffra dans l’air vicié de la Moria.

Le peuple nain n’est pas forcément le plus empathique de tous, mais il faut avouer que pour faire l’éloge d’un des joyaux de leur peuple, ils sont capables des plus insignifiants cadeaux et politesses. C’est donc sur une des rares paillasses libres de l’infection des cafards, bercée par les chants du ménestrel et sous la garde bienveillante du gardien qu’Helven se reposa quelques heures. La traversée sera mouvementée, et elle n’aura guère le temps de s’émerveiller devant ces cathédrales de pierres.
Le réveil fut difficile, l’elfe n’avait pas réussi à apaiser son esprit, les hurlements gobelins et orques que l’on percevait de temps à autre, y veillèrent. Kuran vint la voir, le visage fermé :

« - Aucune caravane ne fait route vers la première salle avant plusieurs jours, les orques viennent de porter un assaut violent à Nud-Melek, nous n’avons encore aucune nouvelle des résultats des combats.
- Nous sommes bloqués donc ? demanda l’elfe
- On peut tenter le coup par nous même … Mais …
- Allons-y. Depuis quand les nains ont-ils peur de se promener chez eux ?

Les deux nains riaient de l’intrépide exigence de l’archère.

- Allez, on y va, c’est l’heure d’écrire nos légendes, se réjouit le ménestrel
- Oué t’as raison ! Allons concasser de l’orque !



Ils ne riaient plus.

Cachés en haut de leur promontoire rocheux, ils jugèrent de la situation avec embarras :

- Ils sont nombreux …
- Un assaut de face et nous déjeunons avec nos ancêtres.
- Qu’en est il de la distance qui nous sépare de la porte Est ?
- Une bonne course et nous y seront dans une poignée de minutes, mais nous seront couvert de flèches gobelines avant de l’atteindre.

L’elfe proposa un début de stratégie aux deux nains :

- Et si nous tentons le coup par ce pont de corde ? Ils ont l’air moins nombreux par là.
- Et comment compter vous l’atteindre mon amie ? Je vois trois gardes, si l’un d’entre eux donne l’alerte, nous sommes morts.
- J’en fais mon affaire, rassurez-vous, défia l’elfe, un large sourire aux lèvres. Dis nous plutôt ce qu’il doit se passer ensuite.
- Si on arrive à passer ce pont ? c’est le moins compliqué, on file au nord, on traverse la faille par un pont naturel et on redescend par le sud, on prend la première à gauche et la porte Est sera en vue.
- La présence orque aux abords de la porte ?
- Sûrement très faible, les deux accès de la Moria sont solidement gardés. Non le plus dur sera d’atteindre l’autre côté du pont de Khazad Dum.
- Il nous faudra se déplacer avec silence
- Je ne vous le fais pas dire.

Kuran ne comprit pas dans l’immédiat le double sens de cette remarque et c’est en percevant le regard insistant de l’elfe sur son armure qu’il reprit :

- Non ! vous ne pensez quand même pas ?!
- Malheureusement, vous entretenez un peu trop votre armure, ses scintillements nous condamneront avant même que nous commencions. Et si nous devons ramper, je doute qu’elle reste silencieuse.

Le gardien baissa la tête, bien sûr qu’elle avait raison. Le ménestrel tenta une médiation :

- Et si nous prenions la route du nord ? Ca nous fait un long détour mais on se retrouve du bon côté de la faille …
- Tu veux passer par ce lieu maudit ? C’est sans moi, il y a là-bas une magie obscure contre laquelle une hache et la meilleure volonté du monde ne suffirait pas. Non, c’est la seule route que nous pouvons emprunter avec notre petit groupe.

Les deux nains s’étaient avancer au plus prêt des gardes du pont, suffisamment pour entendre le souffle rauque de ces êtres malfaisants. Kuran chuchota à Helved :

- On y est... et comment on passe maintenant ? folie de tenter le coup ...et elle est où l’elfe ?
- Respire mon gars, et admire …

Le troubadour donna un léger signal et immédiatement, il senti comme un léger courant d’air au dessus de sa tête suivi d’un râle à peine audible. Un des orques s’effondra, une flèche au travers de la gorge, les deux autres orques eurent à peine le temps de se rendre compte de la situation qu’ils subissaient le même sort que leur infortuné compagnon.

- On fonce !

Les nains empruntèrent le pont en toute hâte, veillant à ce que personne ne les remarque. L’elfe était déjà sur leurs talons, prête à décocher une nouvelle flèche. Ils contournèrent la faille en éliminant le plus rapidement possible la faible présence orque. La porte Est n’était plus loin, tout comme une forte troupe orque qui s’agglutinait autour de l’arche Est du pont de Khazad Dum. Les nains prirent l’ampleur de la situation :

- Ils vont attaquer la porte !
- Nous sommes morts ! On ne pourra jamais passer sans se faire remarquer !

Mais cette fois-ci, ils n’eurent pas le temps de proposer une stratégie, un gobelin les dévisageait d’un œil mauvais, hurlant à tous sa délicieuse découverte :

- Foncez ! je vais les détourner de vous !
- Non Kuran ! Folie !
- C’est ton unique chance ! Files te dis-je !

Et Kuran se jeta sur la troupe orque en appelant à la force de ces ancêtres, Helven courra comme le vent vers la porte Est en traînant le ménestrel qui hurla du mieux qu’il pouvait des incantations Khudzul vers son ami. Mais les orques étaient bien trop nombreux pour un nain seulement protégé par son courage et sa volonté sans faille. Et c’est de ses yeux embrumés de larme de colère qu’Helved vit son vieil ami d’enfance porté comme un trophée de chasse par ses bourreaux, il somma à l’elfe de le laisser, de chercher le corps de son ami, il ne pouvait se résigner d’abandonner son défunt camarade aux ignobles sévices et outrages que les orques allaient lui faire subir. Mais l’elfe fut totalement fermée à ses suppliques, mieux vaut pleurer ses morts que les rejoindre. C’est uniquement lorsque le ménestrel la menaça de rentrer le nom de l’archère dans son livre de Rancunes qu’elle se décida à agir.

- Ne bouge pas ! N’y vas pas ! Laisses-moi faire !

L’elfe jeta violemment le ménestrel à terre, lui enlevant la possibilité de courir vers les orques. Elle fit quelques pas en arrière, pris une petite fiole dorée de son sac et la brisa sur une flèche. Elle décocha le trait en direction de l’immonde armée, celle-ci se ficha dans le corps inerte du gardien. A ce contact, une flamme pure s’éleva pour consumer celui qui les avait sauvés.

Helved regarda, incrédule, son ami brûler sous les cris de colère des orques. Il ne souciait plus de sa propre sécurité, et ne vit pas les orques qui se libéraient des ombres alentour pour se jeter sur lui. Helven se jeta comme elle pu vers son protecteur, mais ne pu l’atteindre à temps. Elle ferma les yeux, refusant de le voir se faire déchiqueter par les armes.

Que s’est-il passé ?

Il était toujours debout. Toujours le regard vide. La barbe engluée de larme. L’elfe s’approcha de lui en faisant attention de ne pas marcher sur les corps criblés de flèche d’une facture inconnue. Elle n’eu pas le temps de se poser d’autre questions, l’armée agglutinée autour du pont se jeta sur eux, courir vers la porte, ils n’en étaient qu’à une poignée de marche. Elle saisit son compagnon et reprit sa course. Une courte brise les frôla, des cris de douleurs dans son dos …

Elle ne les avait pas vus. Les nains gardaient solidement la porte, appuyés par une poignée d’elfe vêtus étrangement et portant un casque qui leur mangeait une partie du visage. Des Galadhrims.



Le lac du miroir reflétait ses étranges étoiles, la nature était paisible en ce début de soirée, au loin on pouvait distinguer les reflets dorés des cimes de mallorne, annonciateur de l’entrée du royaume sylvestre. L’entrée est de la Moria contrastait avec la cohue multicolore de la porte de la Houssaye. Tout n’était que calme et recueillement, idéal pour le ménestrel qui commença un chant funèbre en l’honneur de celui qui l’avait sauvé. Helven se sentait coupable de l’humeur mélancolique de son compagnon et lui apporta un peu d’eau et quelques baies rouge. De bien piètres réconfort pour un nain, mais elle faisait avec les moyens du bord. Elle s’assit à quelques pas du troubadour, prenant part à sa peine.
A la fin de son oraison, le nain prit parole :

- Quand j’étais jeune, je voulais être comme les autres … devenir un solide guerrier et partir en expédition afin de voir la Moria un jour et pourquoi pas, de combattre et vaincre le mal qui régnait en ces lieux. Un seul de mes amis, sous les railleries des autres … et sous les miennes, il faut l’avouer … ne voyait pas les choses comme ça. Lui voulait apprendre à nager. Et alors que nous nous entraînions durement au maniement de la hache et du bouclier, lui se jetait avec conviction dans les rivières glacées et tentait vainement de rester à la surface … c’était pitoyable de le voir, luttant contre l’eau, s’étouffant à chaque brasse…
- C’était Kuran ?
- Ne m’interromps pas !
- …
- Un jour, alors qu’il manqua de se noyer dans un ruisseau, je le pris à parti… histoire de le raisonner … Et alors que je lui hurlais dessus afin qu’il stoppe ses âneries, il me regarda, les yeux brillants d’un rêve sans limite et me dit que s’il tentait d’apprendre à nager, c’était tout simplement pour qu’un jour, il puisse se jeter dans le Kheled-zâram afin de rapporter la couronne de Durin Trompe-la-Mort … Pour lui, ce geste était aussi valeureux que défier des légions d’orques… Mais lorsqu’on est un descendant d’un brûlé de la bataille d'Azanulbizar, on ne peut se laisser guider par ses rêves, une dure vie à honorer ses ancêtres, c’est tout ce qui l’attendait. C’est avec lui que j’ai appris à voir ma vie de mes propres yeux et non par la volonté de ma famille…

Le troubadour se leva :

- Finalement, il est devenu un guerrier comme mon peuple en connaît des milliers et moi j’ai fuis ma montagne pour vivre selon mes propres convictions … Quelle ironie … Et maintenant que nous avions le temps de voir son rêve d’enfant se réaliser, il s’écroule à quelques pas de ce lac … Tout ça pour qu’une elfe sans rêve aille se complaindre dans un passé inutile !

Helven voulu protester, mais le nain ne le lui en laissa pas l’occasion :

- Tout ça c’est de ta faute ! Si tu profitais de ta vie à venir au lieu de chercher ce qui ne peut plus être changé, Kuran serait encore de ce monde !
- Helved !... comment peux tu me dire ça ? c’est la colère qui te fait parler … tu ne le penses pas ?
- Oh que si, je le pense ! Ce voyage n’est que folie ! j’aurai dû te laisser à Tinnudir au lieu de chercher à te construire une vie en adéquation avec tes convictions profondes ! J’aurais dû te laisser à ces chiens d’Angmarins ! Je me suis donner un mal fou à te sortir de ce passé inutile qui te rongeait ! Et en remerciement, je perds mon ami ! mon frère ! Qu’ai-je fais pour mériter ça !

L’elfe se figea sur ses paroles, son âme fut balayée par une terreur sans nom. Le ménestrel ne prêtait plus attention à l’archère et se dirigea d’un pas décidé vers la porte de la Moria. Elle tenta quelques mots envers son protecteur au travers d’un tourment de sentiments :

- Helved ! je t’en pris ! J’aimerai avoir des rêves … j’aimerai vivre … comment veux tu que je puisse avoir un avenir si je ne sais sur quoi le bâtir ! J’aimerai tellement être comme tout le monde … savoir d’où je viens … tu as eu ce choix ! Tu sais l’origine de ta route ! De ta vie ! Tu connais l’ampleur de tes rêves car tu sais d’où ils proviennent ! Helved ! je te dois la vie, je le sais et ne l’oublies pas … laisses moi le temps d’en découvrir la valeur afin que tu saches à quel point je tiens à toi !

Le troubadour resta sourd

- Helved! Où vas-tu! Helved!

Le nain s’adressa à lui-même, sans se retourner :

- La bataille doit être terminée, je vais récupérer les restes de mon ami afin qu’il ait un enterrement décent.
- Mais tu reviens ensuite ?

Pas de réponse. L’elfe, le visage en larme, le corps immobilisé par le chagrin, hurla son désespoir :

- Helved ! Ne m’abandonne pas ! Helved !

Mais le nain, impassible, s’engouffra dans la mine.

L’obscurité de la nuit recouvrait pudiquement le corps inerte de la chasseresse. Son âme terrassée par un chagrin sans fond glissa vers les limbes de la mort. Elle voulait plonger au plus profond de cet abîme, oublier jusqu’à son existence … si seulement ce jour là, elle ne s’était pas réveillée, tout ce tort qu’elle avait causé par sa simple présence… Si seulement … Le voile de sa nouvelle vie se déchira pour révéler les pierres blanches d’Annuminas qui muraient son passé. Elle n’était rien, une enveloppe vide de tous désirs, de tous rêves …

Alors que son âme allait franchir le voile qui la séparait de l’autre monde, un chant d’un autre temps l’arracha violemment des ténèbres et la rappela à la vie.

- Si tu crois un instant que je vais te laisser partir aussi facilement, tu te trompes lourdement. Ta dette envers moi s’est alourdie d’une vie …

L’elfe refit surface difficilement et distingua une odeur rance familière
- … Helved …
- Surtout ne me remercie pas, je le fais pour les filles
- … Skali … Otila …pourquoi … je ne suis rien pour personne ….
- Décidemment, je me demande si l’intelligence elfique mérite sa réputation
- …
- Si tu me crois assez fou pour briser le rêve de ces deux jeunettes, alors la, bois de l’eau.
- …. Leur rêve ? …
- Oui, toi.


4[LOTRO] L'histoire d'Helven Empty Re: [LOTRO] L'histoire d'Helven Mer 21 Sep - 11:44

Divine Otila

Divine Otila

La chasseresse marchait difficilement, son conflit intérieur s’ajoutait aux affres du voyage de son âme dans l’oubli. A ses côtés, le visage fermé, le ménestrel soutenait son amie. Oh bien sûr, il lui en voulait, terriblement. Mais au fond de lui, il savait qu’il ne pouvait haïr celle qui faisait son possible pour aider ses proches, celle qui veillait sur les deux petites furies qui l’attendaient à la maison, celle qui le ramenait quand il était incapable de mettre un pied devant l’autre après les soirées à la ligue, celle qui s’occupait de porter la correspondance de Karvo … toutes ces petites intentions insignifiantes au regard de ce que le nain avait fait pour lui. Oui, c’était elle la responsable de la mort de son vieux copain avec qui il avait fait les quatre cents coups, oui c’est par sa faute. Elle avait souhaité la présence du nain dans la forêt d’or. Elle savait qu’il ne lui serait d’aucune utilité, les ménestrels sont à l’aise dans les bars, et non sur un champ de bataille… Il fallait bien qu’il trouve quelqu’un pour l’aider … Kuran, vieux machin, pourquoi t’as voulu faire ton intéressant … on aurait dû fuir, on aurait trouvé un autre passage, on aurait attendu, tu aurais pu vivre. Lui qui avait survécu à tant de batailles, il a donné sa vie pour une elfe qu’il connaissait à peine, comme on donne une friandise à un enfant.

L’elfe gémissait, la douleur devenait insupportable. Tenir, elle devait tenir absolument, la Lorien était proche, si proche …

Une petite troupe piétinait aux abords de la forêt, les gardes-frontières galadhrims ne laissaient pas facilement accès à leur sanctuaire.

« - Reposons nous un instant, je vais voir si un garde ne peut pas venir te voir en aparté, je doute que tu souhaites attendre comme une vulgaire étrangère… Surtout si tu commences à pleurer. Ca ferait mauvais genre …
- Pourquoi pleurerais-je ? … si je n’ai pas le droit de passer, je trouverais un moyen, quel qu’il soit.
- Ah non, je ne pensais pas à ça …
- Et à quoi donc ?
- Et s’il te connaissait ?

L’elfe resta interdite … La peur lui nouait le ventre … La peur d’y croire. C’est avec grande attention qu’elle fixait le troubadour qui visiblement s’énervait auprès d’un garde de la Lorien et c’est sûrement de crainte que le petit nain puant ne provoque un début d’émeute qu’il le suivit.

- Mae govannen, alors comme ça ce nabot prétend que vous viviez dans notre forêt ?
- Je ne pourrais l’affirmer, voyez vous, j’ai perdu la mémoire dans des circonstances troubles … Et c’est la cause de ce voyage, dans l’espoir que … j’espère … je puisse retrouver des traces de mon passé.
- Ecoutez, vous voyez cette foule ? Là encore, il est tôt… mais d’ici quelques heures, les abords de la forêt seront noirs de monde. Et je commence à en avoir assez de ce couplet larmoyant que l’on me sert à toutes les sauces afin de passer notre frontière.
- Oh l’échalas, tu la reconnais ou non ? : invectiva le ménestrel
- Vous le nain, je vous le dis d’office, vous ne mettrez pas les pieds dans notre royaume.
- Comme si j’voulais rentrer dans votre tas de bois !
- S’il vous plait ! Non, Helved ne commence pas ... je t’en prie … : tempéra la chasseresse.
- Et vous, ou vous m’apportez une preuve de votre appartenance à mon peuple, ou vous nous prouvez votre allégeance, maintenant, excusez moi, j’ai du travail.

Helven prit son médaillon, et le présenta au garde :

- Je n’ai que ce bijou, seul objet que je possédais lorsque l’on m’a retrouvée.
- Une feuille de Lorien ? Vous pouvez les acheter dans notre capitale pour quelques centaines de pièces d’argent selon la qualité du bijou … ça ne me suffira pas. Donnez le moi, je vais vous en dire le prix, vous pourrez le revendre et payer un bain à votre … serviteur.

Le garde examina la pièce sous le regard noir du ménestrel, et c’est livide qu’il demanda :

- Vous êtes sûre que ce bijou vous appartient ? Vous en êtes certaine ?
- Je ne peux l’affirmer, mais j’en suis convaincue, oui.

Le garde s’interrogeait, il n’arrêtait pas d’examiner la feuille et l’elfe.

- Venez avec moi.
- Attends grand balai, tu vois pas qu’elle est faible !

Le galadhrim ne répondit pas à la provocation du nain, pire, il était devenu affable.

- Excusez moi ... Tenez, mangez ça, ce n’est pas très efficace mais au moins cela soulage un peu la douleur.
-Vous pourriez m’expliquer ? Vous savez qui je suis ?
- Non ma dame, mais si effectivement ce bijou vous appartient, alors oui, vous faites bien parti de notre peuple. Les feuilles de la Lorien taillées comme la vôtre sont distinctives des gardes-frontières, voyez la mienne en comparaison…
- Mon compagnon peut venir avec nous ?
- Malheureusement pour moi, oui, s’il le souhaite.

La médecine et l’immense désir de savoir aidant, l’archère se leva et emboîta le pas du garde, le cœur battant. Bizarrement, le ménestrel, pourtant enclin à défier les elfes en toutes circonstances, ne disait mot et suivait sagement Helven. Celle-ci buvait les paroles du galadhrim , il expliquait les évènements qui les avaient obligés à demander de l’aide à l’extérieur de leur forêt. Il lui montrait les différents postes de garde qui jalonnaient la route ainsi que leur nouvelle technique en matière de surveillance des frontières. Et c’est donc en toute quiétude qu’ils arrivèrent aux portes de Caras Galadhon.
Après avoir pris congé de leur guide, parti chercher son officier, les deux invités se promenèrent parmi les arbres de la capitale. Helven tentait de reconnaître les lieux, s’arrêtant à chaque maison, chaque monument, mais le mur resta immobile. Elle n’eu pas le temps de sombrer un peu plus dans sa mélancolie car le garde venait à eux :

« - Venez avec moi, vous allez être présenté aux seigneurs de ce lieux.

L’espoir. Ce petit fil ténu qui la retenait de la folie, l’espoir l’envahissait, elle allait voir celle qui voyait. Le garde les mena jusqu’à une maison de petite taille au sommet d’un mallorne, au grand damne du ménestrel, visiblement sujet au vertige. L’elfe prit une voix solennelle en ouvrant la porte :
- Dame Galadriel , voici vos invités
En pénétrant dans la pièce, Helven fut saisit par la grâce que dégageait la reine de la Lorien, son simple regard balayait la moindre sensation de mélancolie. Pour la première fois depuis des années, la chasseresse eut l’impression d’être appaisée. Galadriel, affairée au rangement d’une liasse de documents, remercia son garde :
- Merci, vous pouvez disposer. Quant à vous, prenez vos aises. Je tiens à m’excuser de la non-présence de mon tendre époux, plusieurs affaires d’importance le retiennent.
- Nous regrettons de vous arracher à vos affaires également, nous allons prendre congé, le moment ne semble pas approprié.
- Nullement, je vous attends depuis longtemps vous savez. Approchez-vous ma chère amie, ne restez pas dans l’embrasure de la porte, vous allez prendre froid.

Tandis que le ménestrel pris place sur un tabouret à côté de lui, non sans avoir exécuter sa révérence la moins grotesque, Helven s’avanca et s’inclina devant la reine elfe. Cette dernière reprit :

- Voici donc l’oisillon tombé du nid. Quel est votre nom jeune demoiselle ?
- Je crains de ne pouvoir répondre à cette question ma Dame …
- Etes vous en train de me dire que votre étrange compagnon vous appelle la sans-nom ?
- Non ma Dame, il me donne le nom d’Helven
- Et ce nom ne vous convient il pas ?
- Ce n’est pas mon véritable nom, mon cœur espérait que vous pourriez me prêter assistance dans cette question.
- Helven … un joli nom pourtant ... Et vous pensez que je puisse vous être utile ?

Helven s’agenouilla :

- S’il vous plait ma Dame, aidez moi … vous êtes la seule en ce monde capable de lire au travers des âmes… Aidez-moi à briser ce mur qui cache ma vie …
- Vous m’accordez bien trop de pouvoir ma belle enfant. Mais vous donnez votre nom est une chose qui entre dans ma sphère de compétence...Vous vous nommez Carchiril.

A ce mot, Helven tenta de fouiller une énième fois sa mémoire close :

- Carchiril …Ce nom … ne me dit rien, quel étrange nom…
- En fait, ce n’est pas votre nom de naissance. En vérité, personne ne le connait. Il a été oublié depuis longtemps et n’est connu que de vous et de votre famille.
- Ma famille … est-elle là ? Est-elle présente ?
- Malheureusement pour vous, vos parents ont depuis longtemps rejoins les cavernes de Mandos. Vous n’aviez ni frère, ni sœur. Par contre….
- Oui ?
Galadriel s’interrompit un instant, balayant la salle du regard, semblant rechercher une aide.
- Votre conjoint est … enfin, il doit être le seul avec vous à connaitre ce nom.
- Mon conjoint ? Je suis donc mariée … Où est-il ?!
- Personne ne peut le dire, du moins dans notre communauté, il n’est pas vraiment un personnage qui aime rester au même endroit très longtemps. Il revient de temps à autre en notre sanctuaire, pour se ressourcer et vous voir … et pour tout vous avouez, cela fait plusieurs années que nous le considérons comme porté disparu.
- Disparu ? que voulez-vous dire ? Et qui est mon mari ? Et que signifie mon nom ?
- Doucement, ma belle enfant. Nous avons tout notre temps. Sachez que vous êtes chez vous, que nous vous connaissons et que nous prendrons le temps qu’il faudra pour retendre les liens qui nous unissent.
- Pardonnez-moi. C’est que …
- A part mettre d’anciennes images sur votre mur, cela ne vous aide pas à voir de l’autre côté.
- Comment ? …En effet, cela ne me signifie rien. S’il vous plait, ma Dame…
- Oui ?
- Pourquoi ai-je un nom d’emprunt ?
- Ce n’en est pas un, c’est le vôtre, votre epessë. Vous le porter depuis un temps si reculé que notre peuple a depuis longtemps oublié votre nom de naissance.
- Mais, dans ce cas, que signifie-t-il ? Pourquoi m’a-t-on donné ce nom ?
- Cela est lié à votre … activité. Vous êtes une de nos gardes sylvestres.
- … alors l’humain et le garde avaient raison …
- Pardon ?
- Non, rien. Je ne vous interromps plus.
- Il se raconte que votre férocité à défendre nos frontières est comparable à une louve protégeant ses petits, et tel un loup, vous passez votre temps en solitaire ne comptant que sur vous-même pour votre survie. Il se dit même que les ouargues perdent leur volonté par votre simple présence. Mais sur ce dernier point, cela tend plus de la romance d’un jeune elfe amoureux qu’un fait… D’où ce nom que votre mari vous a donné, la dame des crocs. Ce nom que nous utilisons en votre honneur, Carchiril.
- Carchiril …

Helven tentait de rester impassible, mais elle était totalement désemparée… Galadriel en personne lui apportait des souvenirs de son ancienne vie, le mur de son esprit restait solidement accroché. La Dame de la Lorien continuait à lui parler de son travail sur la frontière Est de la forêt, de ses infiltrations afin de repérer et tuer des chefs ennemis, du harcèlement constant qu’elle portait le long de l’Anduin afin que quiconque n’ai l’inconscience de le franchir. Tout cela rebondissait sur les pierres blanches d’Annuminas.
- Ma Dame ?...
- Oui Carchiril ? …. Ou Helven ? … Du coup, je ne sais plus trop comment vous appeler.
- C’est vrai …
La chasseresse se tourna vers son ami :
- Helved ?
- Ah ne me demande pas à moi, c’est ton choix.
- … je ne sais pas. Lequel des deux est légitime ?
Galadriel souriait :
- Vous vous posez de mauvaises questions.
- C’est ce que j’lui dis tout le temps m’Dame ! ironisa le nain.
- Vous n’avez aucun choix à faire, ces deux noms vous appartiennent.
- … Alors, j’aimerais que l’on m’appelle toujours Helven. Tant que je ne retrouverai pas la mémoire, je conserverai ce nom. Et puis... n’étant plus aucun souvenir de mon passé de garde sylvestre, je ne peux pas accepter un nom que je ne mérite pas.
- Et si vous le redeveniez un jour ? Qu’en sera-t-il ? Que vous n’ayez plus votre mémoire ne peut empêcher le fait que vous méritez ce nom… Mais très bien, Helven, après tout, c’est votre choix. Quelle était votre question ?
- J’en ai deux en faite
- Qui est votre mari et pourquoi avez-vous disparue de la forêt ?
- …
- Avant tout, moi aussi, j’ai une question.
- Euh, oui ma Dame ?
- Où vous as t on retrouvée ? et quand ?
- A Annuminas. Il y a plus de trois ans… au début de l’été.
- Annuminas … je vois. Sachez que vos deux questions sont liées, nous avons constaté votre disparition le jour où l’on a appris que votre mari était également porté disparu…
- Je serais donc partie à sa recherche ?
- C’est effectivement ce en quoi nous serons enclin de croire. Mais le plus étrange est que le garde qui était chargé de vous transmettre le message affirme sur sa vie que votre campement était abandonné depuis des semaines.
- Donc je serais la cause de la disparition de mon mari ?
- Ou qu’une tierce personne vous ai fait parvenir le message avant nous… et qu’elle est liée à cette disparition.
- … Parce que seule une personne directement concernée par cette disparition aurait pu me faire parvenir le message avant tout le monde.
- C’est exact.
- Mais, et si c’était moi la cause initiale ? Et si j’avais été enlevée et que mon mari serait venu me secourir ?
Galadriel fermait les yeux.
- C’est impossible.
- Comment pouvez-vous en être si sûre ?
- Parce que la dame des crocs était un tel fléau pour l’ennemi sur la frontière Est que la première chose qu’ils auraient faite s’ils vous avaient capturée, c’était de nous le faire savoir. Et de vous tuer… De plus, quand votre disparition fut constatée, une des premières choses que nous avons faite fut de cacher cette vérité et d’utiliser votre nom lors de plusieurs attaques du côté de la forêt noire. Si effectivement vous étiez entre leurs mains, cela n’aurai eu aucune influence… D’ailleurs, la dame des crocs est toujours officiellement en activité si vous voulez tout savoir …
- .. Je vois. Donc mon mari est la cause initiale.
- C’est étrange que vous n’ayez toujours pas demandé son nom.
- … Parce que cela ne me dira rien … Si mon propre nom ne peut ouvrir ma mémoire, comment un autre le pourrait ?
- Si absolue…
- Pardonnez-moi, vous devez me prendre pour un monstre d’avoir aussi peu de compassion.
- Pas du tout, soyez en assurée.
Helven se prit le visage entre les mains, visiblement fatiguée nerveusement.
- Résumons : mon mari a disparu. J’ai également disparu avant que le message de sa disparition ne soit arrivé en Lorien…Donc quelqu’un directement concerné par cet évènement initial est venu me voir à l’insu du peuple le plus secret et le plus méfiant de la terre du Milieu.
- Si cette personne était amie avec votre mari, cela n’est pas étonnant. Il n’est pas impossible de réussir un tel acte si vous connaissez les us de notre peuple. De plus, l’endroit où vous vous reposiez le long de la frontière n’était connu que de par votre mari et par deux autres gardes en qui vous aviez totalement confiance. Pour l’histoire, ce sont eux qui vous remplacent actuellement. Et avant que vous ne disiez quoique ce soit : oui, un messager est déjà sur leur piste. C’est après votre mari ceux qui vous connaissent le mieux.
- .. il faut que je le retrouve !
Helven s’était levé d’un bond
- Comment ? nous n’avons plus aucune nouvelle de lui depuis des années. Nous n’avons rien, aucune piste à explorer, c’était un voyageur et il ne donnait jamais la direction qu’il prenait en partant d’ici... si tant est qu’il sache où il allait : tempéra la reine.
- Mais quel était son but ? Pourquoi il vagabondait ? il y a bien une raison ! On ne part pas à l’aventure sans raison ! il faisait comment pour vivre ?
- Et bien …
Avant que Galadriel ne réponde, le visage de la chasseresse se figea de stupeur. Elle souffla :
- … c’est pas vrai…
La Dame ne termina pas sa phrase et fixa Helven. Une colère sourde envahit l’ancienne garde.
- C’est pas vrai mais c’est pas vrai !
Elle explosa littéralement :
« - Mais quelle cruche je fais ! Comment ai- je pu passer à côté de ça ! C’était évident pourtant ! Mais c’est pas possible !
Elle tempêtait, vociférant des insanités à son encontre. Des gardes sylvestres apparurent et se placèrent à proximité de Galadriel, craignant pour sa sécurité. Mais la Dame ne montra aucun signe d’inquiétude, laissant Helven libérer sa colère. Il se passa de longues minutes avant que celle-ci ne commence à s’apaiser. La chasseresse reprit enfin son souffle, essuyant maladroitement les larmes qui coulaient le long de son visage. Et tout en dévisageant la Dame de la lorien, elle reprit :

- C’est un ménestrel…
Galadriel soutenait son regard mais ne répondit pas.
- …. C’est exact.
A ces mots, Helven ferma les yeux, tentant de ne pas pleurer. Mais il était vain de lutter. Elle se retourna alors vers son compagnon :
- Pourquoi … pourquoi tu ne m’as rien dit ?
- Une promesse à moi-même.
- Et c’est tout ?! Dis-moi, à quel instant tu t’es dit que ma vie t’appartenait ? De quel droit tu t’es abrogé ce droit ?! Mais merde t’es qui en fin de compte !
- Ce n’est pas aussi simple.
- Si ça l’est !
Le ménestrel ne répondit pas à la provocation, il se contenta de se lever de son tabouret et de s’approcher de la Dame de la Lorien. Il plia un genou :
- Dame elfe, serait-ce possible dans votre infinie bonté de me recevoir pour un entretien privé.
Elle lui répondit dans un sourire :
- Quand bon vous semblera, vous êtes ici chez vous. Je ne saurais comment vous remercier d’avoir pris soin d’un de mes oisillons… Je vais prendre congé dans l’immédiat… il me semble que vous ayez des choses à vous dire.
Puis elle se leva, s’approcha de la chasseresse et lui caressa délicatement la joue :
- Quoi que vous appreniez, ne lui en voulez pas…
Helven détourna le visage, la rage bouillait en elle et ne voulait pas commettre d’impair face à sa reine.

La chasseresse resta un moment debout, silencieuse. Helved, le visage grave, cherchait ses mots, attendant que celle-ci recommence ses invectives. De longues minutes passèrent dans une ambiance lourde. Et finalement l’elfe reprit d’une voix froide :

« - Je n’ai même pas envie de hurler … je n’ai même pas envie de te maudire … pour ce que ça m’apporterai. Par contre, je te promets une chose, si j’ai le moindre soupçon que ce tu me racontes est un mensonge, même pieux, je te tuerai sans hésiter.
Le nain eu un sourire en coin :
- Même si j’ai d’autres informations ? …
- Je t’arrête tout de suite. Il n’est plus question de tes subtilités de langage. Tu n’ouvres plus la bouche que pour répondre à mes questions. Et ces réponses doivent être les plus succinctes possibles.
- … Soit.
- Une fois que j’aurai toutes les réponses que je souhaite, je m’en irai. Et plus jamais tu ne me reverras.
- Et pour les filles ? Tu les condamne à cette sentence alors qu’elles n’y sont pour rien ?
- Suffit ! Fermes-là !
- … si absolue…
L’archère porta la main sur sa dague :
- Silence !
Le ménestrel ne poussa pas plus sa provocation. L’elfe se tourna dans sa direction, ses yeux gris remplis de haine.
- Je commence … Comment s’appelle mon mari ?
- Dagostan. Je n’ai jamais su son nom de famille. Je ne sais pas si c’est ce nom que les elfes lui donnent, mais nous l’appelions tous comme ça.
- Dagostan … j’avais raison, cela ne m’apporte rien…. Est-il en vie ?
- Non.
- En es-tu absolument sur ?
- Oui, je l’ai moi-même enterré.
- Comment est-il mort ?
- Impossible d’y répondre.
- Ne commence pas à jouer à ce petit jeu … Comment est-il mort !?
- … Deux flèches… les deux dans la gorge.
- Qui l’a tué ?
- Toi.
- Tu mens ! Pourquoi aurai-je tué mon propre mari !
- Je n’en sais rien.
La chasseresse bondit en direction d’helved, lui placant sa lame sous sa gorge
- Je t’ai dis d’arrêter ! je veux la vérité brute !
- Mais j’en sais rien merde ! Si je savais parfaitement ce qui s’est passé cette journée-là, tu crois que je t’aurai caché la vérité durant toutes ces années ! Lâches-moi bordel ! Et laisses moi te raconter ce que je sais !
Helven relâcha son emprise, laissant tomber sa dague, elle était au bout du rouleau. Ses yeux se noyèrent de larme, elle tituba puis s’effondra par terre, elle hurla toute sa douleur :
- Mais qui je suis ! Pourquoi .. pourquoi je ne rappelle de rien !
Helved la laissa à sa peine, préparant une pipe. Puis il lui jeta sa blague de tabac et commença à jouer avec les volutes de fumée :
- Tiens, y a une pipe dedans, fait en une, l’histoire est plutôt longue, surtout si je commence par le tout début.
- … je ne fume pas, tu le sais.
- Carchiril si.
- Arrêtes de m’appeler comme ça.
- Tu me bassines avec ça, tu pleures parce que tu te rappelles de rien, mais tu refuses que l’on te nomme comme avant. Faudrait p’tet savoir ce que tu veux aussi…
La chasseresse prit machinalement le tabac et s’exécuta.
- Bon alors … Le tout début … ma fuite des monts du fer.
- Inutile de remonter si loin.
- Ecoutes avant de râler. J’ai rencontré Dagostan quelques années après avoir fui ma famille, j’étais alors un mercenaire, je ne savais rien faire d’autre. C’était durant une escorte du côté des monts brumeux, il avait profité de la caravane que j’escortais pour voyager en sécurité. Oh, il n’avait rien payé, une spécialité chez lui, il se contentait de nous raconter des histoires, histoire d’égayer la route. On s’est pris d’amitié et au bout de la route, il m’a proposé de l’accompagner jusqu’à Bree. j’ai bien sûr accepté, n’ayant rien d’autre à faire. Puis arrivé à Bree, on ne s’est pas séparé, et on a continué à battre la campagne. Ses talents de conteur et sa verve, associé à ma force, on faisait un duo terrible … ce fut une époque vraiment formidable … t’avais un mari fantastique, sincèrement. Il m’a appris tout ce qu’il savait, faisant de moi un ménestrel acceptable. Puis au bout d’un certain temps, il est reparti en Lorien, te voir parce que tu lui manquais. Et c’est ainsi que tout à débuter.
- .. Je ne devais pas lui manquer tant que ça s’il était tout le temps sur la route.
- Oh détrompes toi. Cela vous convenait à tous les deux. Il disait de toi que t’étais plus farouche qu’une chatte sauvage si tu me permets l’expression, et que la vie de couple c’était pas trop ton truc… ce n’était pas trop son truc à lui non plus. Mais t’imagines pas des choses ! il était fidèle ! Tu peux me croire ! Oh y avait toujours deux trois poulettes qui lui tournait autour, mais pour un ménestrel, rien d’étonnant.
- .. si tu le dis.
- Il me parlait souvent de toi, la garde sylvestre tout le temps en guerre. Une jeune elfe aux yeux gris qui préférait la boue, la faim et la mort au confort de la vie elfique. Fallait l’entendre ! Vous aviez beau être ensemble depuis des décennies, il avait toujours les yeux d’un jouvenceau quand il parlait de toi. Il était sincèrement amoureux.
- Et moi ? Je l’aimais ?
- Vu ce qui s’est passé par la suite, oui, je peux te l’assurer... Mais on va y revenir. Donc, notre amitié entre moi et Dagostan était ainsi : il revenait de la Lorien, on s’échangeait nos histoires, parfois on partait vers une destination précise, parfois il prenait la route seul. Et il retournait auprès de toi. Et c’est naturellement qu’il est venu me voir il y a un peu moins de quatre ans, il voulait aller en Evendim. Il voulait rencontrer les rôdeurs qui prenaient les armes contre les forces qui avaient envahi Annuminas… ça devait être une simple promenade, au sens propre. Je lui ai dis : ok, pourquoi pas ? Mais je devais absolument faire une course avant, donc on s’est donné rendez-vous au nord de la Comté, à Dwaling, pour faire le reste de route ensemble.
Helved marqua un temps de pause, ravivant la cheminée de sa pipe :
- Mais quand je suis arrivé à Dwaling au jour prévu … il n’était pas là. Et c’était pas dans ces habitudes de poser des lapins… Tu sais, nous les ménestrels, nous ne sommes pas des foudres de guerre même si dans des cas très particuliers comme moi, et encore, j’ai beaucoup perdu je trouve … on sait manier l’arme. Du coup, notre caste est très stricte sur les horaires et les rendez-vous. Si jamais l’un d’entre nous n’est pas là à l’heure prévue … c’est qui lui est arrivé quelque chose… Je me suis donc inquiété immédiatement. J’ai donc fais le tour à la recherche d’information et je suis tombé sur un hobbit qui m’a affirmé qu’il était bien passé par là quelques heures auparavant. J’ai donc filé jusqu’à Tinnudir dans l’espoir vain qu’il m’ait oublié. Mais arrivé là-bas, mes craintes se sont révélées fondées, aucune trace de ton mari.
- Il a donc été enlevé ?
- Oui, les rôdeurs là-bas me disaient que les habitudes des forces ennemies ne pouvaient que confirmer l’enlèvement. S’il avait été tué, son corps serait resté sur le lieu du drame … et aucun corps dans tout l’Evendim. Et je peux t’assurer que les rôdeurs sont de fins limiers, rien ne leur échappe.
- C’est donc là que tu as pris la décision de venir me chercher ?
- En effet. J’ai demandé aux rôdeurs s’ils pouvaient faire des recherches dans le seul lieu qui leur échappait … Annuminas. Mais une telle expédition prend du temps à se mettre sur pied, qui plus est, ils n’étaient pas encore en position de force pour se permettre de perdre trop de leur compagnon pour une mission proche du suicide… Je leur ai donc demandé de faire ce qu’ils pouvaient et, dans le cas où ils n’arrivaient à rien de solide, d’envoyer un émissaire jusqu’à la Lorien pour prévenir ton peuple. Moi, je suis parti le soir même te chercher. D’où ce décalage entre le moment où tu as été prévenue et celui où ton peuple a reçu l’émissaire des rôdeurs.
- … faudra juste que tu m’expliques comment tu as réussi à traverser la Lothlorien sans te faire remarquer.
- Héhé .. je n’ai jamais traversé la Lorien.
- Pardon ?
- Non ! je suis passé par le nord ! et je suis redescendu au Sud par la forêt noire ! C’était la meilleure solution à mes yeux. Je voulais te voir, toi. Si jamais je passais par la lorien, je me serais fait intercepter et même si ton peuple aurait été au courant plus vite que prévu, je n’aurai eu aucune possibilité de savoir si le message te serait parvenu en main propre.
- Comment t’as réussi à survivre ? A ce que j’ai cru comprendre, la forêt noire est un lieu de perdition.
- Ça oui ! Les pires jours de ma vie … je me suis même chié dessus ! Littéralement ! Qu’est-ce que j’ai eu honte ce jour là .. heureusement que tu ne m’as pas trouvé à ce moment-là. Moi le nain, tremblant comme une feuille, caché derrière un buisson, à prier tous mes ancêtres et même ceux des autres … Alors que toi l’elfe, tu te promenais là-dedans comme dans un jardin d’enfant…
- Je t’ai donc trouvé ?
- Oui, au quatrième jour. Je ne t’ai pas vu venir … t’as même été à deux doigts de me tuer. Un nain qui se promène seul dans la forêt, j’ai eu du mal à te convaincre que je n’étais pas un ennemi. Par contre, tu n’as eu aucun mal à me croire quand je t’ai dis que ton mari avait disparu. On est parti immédiatement, encore par la forêt noire et non la Lorien. Une fois en dehors, tu m’as laissé choir comme une merde et t’as filé devant. Selon mon calcul en passant par les relais postiers, t’es allé tellement vite que tu as tué trois chevaux en chevauchant au triple galop tout le long de la route… D’ailleurs rappelles moi de te dire les relais où les mecs veulent te le faire payer. Faire du mal à leur bête est vraiment la pire chose que l’on puisse leur faire.
- … Donc je l’aimais vraiment…
- Je te l’ai dis. Je suis donc arrivé plusieurs jours après toi à Tinnudir. Et encore une fois là-bas, aucune nouvelle de ton mari… pire encore… personne ne t’as vu.
- J’ai foncé directement à Annuminas ?
- C’est ce que je me suis dit. J’ai tenté d’enrôlé plusieurs types pour venir avec moi, mais impossible de monter une équipe digne de ce nom… juste une bande de tocard attiré par mon or. Donc, j’ai demandé à un rôdeur expérimenté de m’expliquer comment traverser la ville sans me faire remarquer. Il m’a fallu deux jours pour atteindre les portes de la ville sans me faire chopper.
Helved marqua une nouvelle fois un temps d’arrêt, le regard dans le vide :
- Je voulais abandonner. J’étais épuisé, cela faisait des semaines que je courais sans arrêt … J’ai croisé le mal absolu dans la forêt noire, et je me retrouvais seul face à mal tout aussi atroce … j’étais nerveusement détruit… Mais par un coup du sort, une troupe de héros, une confrérie entière à en voir toutes leurs capes unies, attaqua la porte Est de la ville au petit matin du deuxième jour, semant la désolation tout autour d’elle. Ce fut un combat d’une incroyable violence. Et le plus incroyable, c’est qu’ils arrivaient à dominer l’ennemi, s’enfonçant dans la ville, affrontant des combats plus terribles encore… je me suis dit, c’est ma seule et unique chance… je les ai donc suivi, le cœur oppressé par la peur. Mais en les voyant ainsi se battre et mourir avec une telle vaillance, je n’avais plus le droit de fuir. J’ai réussi à me cacher dans la ville, juste à temps, les héros commençaient à subir de lourdes pertes, leur chef leur ordonnant même le repli. Mais le chaos qu’ils avaient semé me servait, les angmarins étaient plus préoccuper à ramasser leurs nombreux morts et surtout, ils étaient moins nombreux. J’ai circulé plus facilement que prévu dans les ruines de la ville… encore une fois ma taille m’a servi. Je suis resté dans la ville encore un jour et une nuit. Et le lendemain, je vous ai retrouvé tous les deux.
- Nous étions tous les deux en vie ?
- Non, ton mari était déjà mort… En fait, je ne vous ai pas trouvé comme ça. En passant de cachette en cachette, j’ai entendu des cris dont une voix hurlant en elfique, j’ai rejoins le lieu le plus rapidement possible. C’est là que je vous ai vu… Vous étiez tous les deux allongés … Dagostan était mort, toi … j’en savais rien. Un angmarin te faisait les poches, je l’ai attaqué et tué. Puis je suis venu vers toi, voir si t’étais encore en vie. T’étais salement amochée... enfin ça tu t’en souviens. J’ai pas cherché à comprendre, je t’ai caché sous une ruine, puis le corps de Dagostan. Ça m’a pris un peu plus de temps parce qu’avec toi blessée, je savais que j’allais galérer à sortir de la ville. Alors avec un corps à transporter, c’était impossible. Donc j’ai trouvé une anfractuosité, dissimulé le corps et recouvert de caillou. Puis je suis revenu te voir, je t’ai soigné au mieux de mes capacités et on a filé au plus vite. La suite, tu l’as connais.
- … t’as oublié deux choses.
- Je sais, et là, je vais te demander de garder au maximum ton calme. Malgré ce que vais te dire, il faut à tout prix que tu restes calme. On ne sait pas ce qui s’est passé, personne ne le sait sauf toi.
- Je ne peux pas te faire une telle promesse.
- Oui, mais du moment que tu essayes, ça me convient. Bon… pourquoi tu t’es retrouvée à poil ?
- Et qu’est ce qui te fait dire que c’est moi qui ai tué mon mari ? de ce que tu m’as raconté, tu n’étais pas là. Tu n’as pas vu.
- La manière dont Dagostan est mort ne peut être que de ton fait.
- Prouves le !
- J’y viens … tu te rappelles le jour où je suis venu te voir, te donner les papiers pour intégrer la milice de Bree ?
- Oui bien sûr.
- En fait, je n’y suis pas allé pour toi. Enfin si, mais pas pour te faire enregistrer, c’était pas mon but premier… ce qui m’a choqué en voyant le corps de ton mari, c’étaient les deux flèches en pleine gorge. D’une précision extrême.
- … n’importe quel archer un peu doué peut en faire autant, tout le monde te le dira…
- C’est exactement ce que j’ai fais, je suis donc allé à la milice, demander au maitre archer ce qu’il en pensait. Et effectivement, c’est un coup relativement courant chez les archers de haut niveau … mais uniquement à la chasse ou à l’entrainement. En guerre, ou en mission, jamais – et il a été particulièrement ferme sur ce point – jamais, ô grand jamais un archer ne tenterait un coup pareil…. En fait, il m’a expliqué en détail : ce coup empêche l’ennemi de parler et de respirer en lui coupant la trachée et la plupart du temps, arrache également la carotide. Un coup doublement mortel et ultra silencieux. Cela permet de frapper sans se faire entendre et espérer tomber plusieurs cibles avant d’être répéré. Or, il est possible d’avoir le même résultat en tirant dans le buste, si la flèche touche les poumons, l’ennemi ne peut pas parler ni hurler. C’est encore plus radical si la flèche touche le cœur. Et un buste est quand même bien plus large qu’un cou. Donc qui serait assez stupide pour tenter un coup difficile alors qu’un coup simple donne d’aussi bon résultat ?
- …
- Une archère passant son temps en embuscade ? une ayant l’agilité elfique pour elle ? Et tu peux me dire comment tu as tué les deux gobelins lorsque nous sommes passé au pont de Khazad Dum ?
- Ce n’est pas pertinent …
- Malheureusement si, et rappelles toi ce que tu m’as dit le jour où tu as été engagé, que les instructeurs seraient capables de réveiller en toi tes vieux réflexes martiaux. C’est exactement ce qu’ils ont fait : tous tes ennemis, tu les frappes au cou, tous. Et tu pourras demander plus tard aux deux gardes elfes qui te connaissent bien, ils te diront qu’il n’y a que toi qui utilise cette technique en permanence. La technique de la Dame des crocs, c’est ta signature.
- Soit … mais pourquoi l’ai-je tué ?
- Ca je n’en sais rien, y a que toi qui le sais.
- …
- Il y a un détail inquiétant auquel je dois te faire part.. Pourquoi tu étais nue…
- C’est vrai ça, pourquoi j’étais nue ? tu as bien spécifié qu’un angmarin me faisait les poches…
- C’est moi qui t’ai dessapé…. Et à ce propos, c’est moi qui t’ai mis la feuille de Lorien dans ta paume.
- Et pourquoi je te prie ?
- … Tu étais habillée en angmarin…
- Une tenue de camouflage surement.
- … j’aimerai être aussi sûr que toi…
- Tu penses qu’ils ont réussi à me retourner ?
- J’en sais rien. Encore une fois, y a que toi qui le sais.
La femme elfe se releva, époussetant ses genoux. Elle était étrangement calme :
- Voilà donc toute l’histoire … Mon mari est mort sous mes flèches, on ne sait pourquoi. J’étais habillé comme un angmarin donc c’était soit un camouflage soit que je porte en moi la souillure du mal… Moi, la soit-disante terreur de la frontière Est qui ai affronté durant des années ce même mal sans en subir son influence… C’est n’importe quoi…
Elle se dirigea vers la porte d’un pas lent, perdue dans ses pensées. Le nain l’interpela :
- Oh ! Où tu vas ?!
- Je m’en vais, je te l’ai dis : lui répondit elle sans se retourner.
- Attends ! tu peux pas partir comme ça ! Et les filles ! t’as pas le droit de les abandonner ! Elles n’y sont pour rien elles !
La chasseresse passa la porte sans répondre. Le nain se mit à sa poursuite :
- Ho tu vas où l’échalas ! reviens ! Ne m’obliges pas à te botter le cul !
- Je serais toi, je ne tenterai pas de me suivre … parce que t’abandonner dans un des pièges que je vais semer derrière moi, c’est vraiment pas cela qui va me gêner.
Le menestrel s’arrêta, interloqué, le chagrin l’envahit en voyant la chasseresse s’éloigner :
- C’est que tu en serais capable … démence …

Helved passa plusieurs jour à Caras Galadhon, dans l’espoir un peu fou que la chasseresse serait revenue à la raison et également dans l’attente du rendez-vous promis par la Reine des lieux. Rendez-vous qui tardait, les évènements liés à la forêt noire prenaient le pas sur tout dans le royaume elfique, les héros venant chaque jour plus nombreux pour aider les elfes compliquaient d’autant plus l’organisation de la défense de la Lorien. Et c’est en se promenant dans un des jardins de la ville elfique qu’il tomba sur Galadriel, visiblement lasse. En le voyant la mine penaude, elle retrouva toute sa stature elfique, lui offrant son plus joli sourire :
- Voyez donc ce que le vent me porte.
Helved s’inclina dignement :
- Ma Dame, excusez-moi, je ne voulais pas vous importuner. Je vais vous laisser à votre repos
- N’en faites rien, je vous devais une entrevue, faisons là maintenant. Je n’ai malheureusement peu de temps à vous consacrer.
- Vos paroles sont précieuses en ces temps de guerre, il serait impoli de vous en réclamer alors que vous êtes visiblement fatiguée…
- Si vous saviez à quel point je suis fatiguée... vous n’en trouveriez mon tendre époux que plus admirable, il n’a pas quitté la salle du conseil depuis des jours, malgré mes recommandations… Mais passons ! asseyez-vous et jouez-moi un air de votre peuple. Cela fait si longtemps que je n’ai pas eu la possibilité d’entendre la musique de nos chers voisins.
- J’espère être digne de cette demande, ma Dame : dit Helved en prenant son luth. Il l’accorda tout en fredonnant quelques mots dans sa barbe, cherchant quelle chanson de son répertoire était suffisamment digne d’un tel auditoire. Puis il prit une grande inspiration et commença son chant. Galadriel ne souffla mot durant toute la prestation du ménestrel et c’est uniquement à la dernière note qu’elle s’adressa au nain :
- je n’ai rien ressenti …
- pardon ma Dame, je suis un piètre musicien…
Galadriel ne put s’empêcher de rire :
- Vous n’y êtes pas du tout ! C’était une jolie chanson … Mais je pensais plutôt à ce qui vous préoccupe...
- Helven ? … Vous n’avez pas senti la corruption en elle ?
- Non… mais je ne suis pas infaillible. Son amnésie occulte totalement son esprit. Peut-être que le jour où elle retrouvera la mémoire, tout changera … si elle la retrouve…
- Faut-elle la considérer comme une menace ?
- Impossible d’y répondre. Et qui oserait prendre une telle décision ? Si elle s’était vraiment déguisée en angmarin, elle est innocente de tout. Dagostan était sous l’influence du mal d’Anuminas depuis plus longtemps, des deux, c’était lui qui avait le plus de chance d’être ainsi souillé … si nous pouvons appeler cela de la chance …
- Et si cette corruption était latente chez elle ? Cela fait tellement longtemps qu’elle y est confrontée. Et n’importe qui ici pourrait témoigner de la sauvagerie dont elle était capable. Aucun elfe à par elle ne se comportait ainsi, même face à l’ennemi …
- Ce n’est pas une option à ignorer, vous avez raison.
- … Que dois-je faire ?
- Vous devriez rentrer chez vous. Vous avez fait tout ce que vous pouviez.
- … Vous savez, je me suis souvent posé une question…
- Est-ce que vous avez bien fait de venir la chercher au lieu de laisser les rôdeurs d’Evendim faire leur travail ?
- On ne peut rien vous cacher.
- Vous avez bien fait, ne laissez jamais personne vous dire le contraire. Rien ne vous dit que les rôdeurs auraient mieux fait. Il y avait un choix à faire, vous avez pris celui qui vous semblait le plus juste, celui qui comprenait le plus de risque pour vous, vous n’avez pas failli à votre tâche.
- Vous savez où elle se trouve en ce moment ?
- Dans sa chère forêt noire. Elle y a croisé ses deux plus fidèles amis, ils s’occupent d’elle, même si elle aimerait bien qu’ils la laissent tranquille…. Elle a peut-être perdu la mémoire, mais en ce qui concerne son caractère …
- Oui, fidèle à ce que m’avait décrit Dagostan, agoraphobe et absolue…
- Maintenant, si vous me le permettez, je vais retourner à mes obligations. Ce fut un plaisir de vous voir, monsieur le ménestrel.
Helved s’inclina une nouvelle fois, attendant que la Dame prenne congé.
- Rentrer chez moi ... après tout…

5[LOTRO] L'histoire d'Helven Empty Re: [LOTRO] L'histoire d'Helven Lun 26 Sep - 16:55

My My Hey Hey

My My Hey Hey

J'ai lu la première partie Smile (enfin le premier post quoi)

Ca m'a furieusement donné envie de rejouer à LOTRO! Je jouais un ménestrel humain fut un temps... le bon temps d'ailleurs, je découvrais le rock des années 70 à cette époque, Led Zeppelin III tournait en boucle quand je jouais, et c'est en partie parce que je trouvais ça cool de jouer fade to black avec les touches du clavier que j'ai voulu voir ce que ça ferait sur une vraie guitare... passons!
J'vais lire la suite petit à petit je pense parce que j'ai bien accroché. Par contre pas sûr que ceux qui ont pas eu l'ultime luxe de découvrir le jeu à petit pas (un des rare MMO auquel j'ai joué où l'immersion est tellement grande dès le début que tu t'en contentes facilement et que tu te presses pas pour avancer) accrochent bien, parce que les lieux sont bien utilisés Smile

Seul petit reproche, le bordel avec la théorie du L x) on est loin de la poésie à la Tolkien quand même à mon humble avis, ce genre de dialogue aurait eu plus de place dans une fanfiction à la Fallout je pense :p

6[LOTRO] L'histoire d'Helven Empty Re: [LOTRO] L'histoire d'Helven Lun 26 Sep - 17:10

AryStote

AryStote

Shocked yen a de la lecture la, félicitation, j'ai pas encore tout lu (je l'avoue Very Happy ) mais bravo pour ce roman.

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