C'est une petite histoire que j'ai écrite il y a quelques années. En la relisant je modifierai bien plusieurs petites choses, notamment au niveau du style, mais je n'ai pas le temps...
J'avais commencé à écrire la suite (sa naissance) avec l'arrivée de Rigus Mortem & Lord BCo : peut-être qu'un jour si une muse vient me titiller et que les journées durent 48 heures...
Je m’appelle Keen et cela fait maintenant 15 ans que je vis dans ce petit orphelinat de la campagne de Panjiang, recueillie et élevée par les bonnes sœurs depuis mon plus jeune âge. Je n’ai aucun souvenir de mes parents mais je garde précieusement un morceau d’étoffe bleue ornée d’un ange doré qui me servait de langes lorsque les sœurs m’ont découvertes ; apparemment un vestige de cape ayant certainement appartenu à mes parents.
Les bonnes sœurs ainsi que les autres enfants sont très gentils mais je me sens désespérément seule. En fait, je cache en moi un lourd secret : je peux communiquer avec les esprits ; mieux encore, il m’arrive quelques fois de pouvoir les faire apparaître… oh pas longtemps, juste quelques secondes… Ces voix sont un peu mes seuls véritables amis, mes confidents. Je me demande parfois si ce n’est pas à cause de ça que mes parents m’ont abandonnés…
J’essaye de travailler à cette particularité pendant la nuit, à l’abri des regards indiscrets, de peur que quelqu’un ne voit en moi une sorte de monstre destiné à finir au bûcher. Peut-être que cela va me permettre un jour d’en savoir plus sur mes origines.
L’autre jour, alors que je faisais du classement dans la bibliothèque, je tombais par hasard sur un curieux ouvrage : le guide du Rt. Intriguée au départ, quelle ne fut pas ma surprise quand je découvris que cela décrivait exactement mes capacités. Je cachais le livre sous ma blouse et attendais impatiemment le soir afin de pouvoir en savoir plus.
Enfin je savais ce que j’étais : une Ritualiste ! Le livre décrivait en même temps quelques techniques de bases permettant de faire appel aux esprits. J’appris également qu’il y en avait plusieurs types : offensif, défensif ou curatif. Je n’étais donc pas la seule, une erreur de la nature ou je ne sais quoi d’autre…
Après quelques semaines d’un entraînement intensif nocturne, je commençais à maîtriser les bases et était capable de faire apparaître différents spectres avec plus ou moins de succès (le chien du fermier voisin a d’ailleurs failli en subir les frais quand il est entré dans leur rayon d’action).
Les jours passèrent et, au hasard d’une promenade dans un village voisin, j’entendis parler d’une école recrutant de jeunes talents qui seraient en mesure de défendre notre beau pays. C’était ma chance ! La chance non seulement de pouvoir réellement progresser mais également de celle de parcourir le monde à la recherche d’indices sur mes parents.
Profitant de la nuit, je décidais de quitter l’orphelinat, sans doute pour toujours. Il fallait que je parte ! Il fallait que je trouve cette école au monastère Shing Jea pour qu’enfin je puisse développer ce talent (car finalement s’en est un) et peut-être lever le voile sur mes origines.
Je n’emportais avec moi que le strict minimum (un peu d’eau et de pain mais surtout ma cape, preuve de ma provenance). Seulement, le monde extérieur, qui plus est la nuit, n’est pas un endroit très recommandable pour une frêle jeune fille. À la sortie de la forêt, non loin d’un point d’eau, j’aperçus un groupe d’insectes géants : des mantides… Je m’éloignais le plus prudemment possible, sans faire de bruit…
Encore quelques pas et c’est […] Là ! À quelques mètres devant moi, une mantide me regardait de ses yeux cruels. Mon coeur battait la chamade. Vite, je devais faire quelque chose afin de pouvoir éliminer cette menace au plus vite et avant que d’autres ne rappliquent ! Je commençais mon invocation mais mes mouvements ont je pense plus énervé la créature qu’autre chose ! Elle chargeait ! Elle est déjà sur moi ! J’ai encore besoin d’un peu de temps !!!
Mon esprit apparu en même temps que les mandibules de la bête s’enfonçaient dans mon épaule. Je poussais un cri de douleur et réussi à me dégager. La mantide chargea de nouveau mais n’eut pas le temps d’avancer plus, foudroyée par mon invocation. Un sentiment de fierté m’envahit : j’avais abattu toute seule mon premier ennemi. Par contre, il fallait faire vite : il fallait que j’invoque un nouvel esprit pour me soigner au vu de la quantité de sang qui s’échappait.
Je commençais à psalmodier mais une sorte de nausée m’envahit et je perdis connaissance. S’ensuivit alors une douce chaleur, plus aucune douleur : était-ce cela mourir ? Une voix m’appelait dans le lointain : « ça va jeune fille ? »
« Papa ? Est-ce toi ? » répondis-je.
Un léger rire parvint à mes oreilles. J’ouvris les yeux avec quelques difficultés et vit un homme au regard très doux agenouillé près de moi.
« Bonjour gente damoiselle. Je m’appelle Menhlo. Que fais-tu seule ici et en pleine nuit ?»
« Bonjour. Je suis Keen et c’est vous que je cherchais… »
Encore un peu sous le choc, je saisis mes bagages tout en lui donnant quelques brèves explications.
« Tiens tu es une Hurlevent ? » me dit-il en désignant ma cape.
Voyant que je ne comprenais pas de quoi il parlait, il commença à me décrire cette fabuleuse guilde qui regroupait de nombreux talents et où régnait l’entraide et le partage. Je le saisis par le bras : « Vous connaissez mes parents ? » bredouillais-je.
« Je ne sais pas… Mais d’après ce que j’ai vu de tes capacités, je connais une puissante Ritualiste du nom de Éva… peut-être devrais-tu la rencontrer ?! »
À ce nom, mes jambes commencèrent à flageoler… Éva… Serait-ce ma mère ?
En tout cas ce dont je suis sûr c’est que désormais on m’appellerait Keen, Keen des Hurlevents !!!